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La Chine confirme l’arrestation de deux Canadiens

In this image made from video taken on March 2, 2017, Michael Spavor, director of Paektu Cultural Exchange, talks during a Skype interview in Yangi, China. A second Canadian man is feared detained in China in what appears to be retaliation for Canada's arrest of a top executive of telecommunications giant Huawei. The possible arrest raises the stakes in an international dispute that threatens relations. Canada's Global Affairs department on Wednesday, Dec. 12, 2018, said Spavor, an entrepreneur who is one of the only Westerners to have met North Korean leader Kim Jong Un, had gone missing in China. Spavor's disappearance follows China's detention of a former Canadian diplomat in Beijing earlier this week. (AP Photo) Photo: The Associated Press

PÉKIN, Chine — Deux Canadiens soupçonnés d’«avoir mis en danger la sécurité nationale» ont été arrêtés en Chine, a annoncé jeudi le ministère chinois des Affaires étrangères.

Le porte-parole Lu Kang a confirmé que l’entrepreneur Michael Spavor et l’ancien diplomate Michael Kovrig ont été arrêtés lundi et que leurs dossiers sont traités séparément.

Le Canada a été informé des détentions, a déclaré M. Lu, qui a refusé de préciser si les hommes ont pu consulter un avocat.

Les deux cas accroissent la pression sur le Canada, qui détient une dirigeante du géant chinois des télécommunications Huawei.

La Chine a demandé la libération immédiate de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei et la fille de son fondateur.

Mme Meng a été arrêtée au Canada plus tôt ce mois-ci à la demande des États-Unis, qui espèrent la voir extradée suite à des accusations selon lesquelles elle aurait tenté de contourner les sanctions commerciales américaines imposées à l’Iran et aurait menti à ses banques.

Lorsqu’on lui a demandé si la détention des Canadiens était liée à l’arrestation de Mme Meng, M. Lu a simplement dit qu’ils étaient traités conformément à la loi chinoise.

Les propos du responsable chinois interviennent quelques heures après qu’Affaires mondiales Canada eut confirmé que M. Spavor, le fondateur d’un organisme à but non lucratif qui organise des voyages d’échanges culturels en Corée du Nord, était le deuxième Canadien détenu en Chine.

«Nous savons qu’un citoyen canadien, monsieur Michael Spavor, est actuellement porté disparu en Chine. Tel que mentionné par la ministre des Affaires étrangères (mercredi), un citoyen canadien a communiqué avec nous depuis la Chine. Nous avons été dans l’impossibilité d’établir contact avec cette personne depuis qu’il nous a informé (sic) qu’il était interrogé par les autorités chinoises. Nous travaillons très fort afin de déterminer où il se trouve et nous continuons de communiquer avec le gouvernement chinois», a indiqué le porte-parole d’Affaires mondiales, Guillaume Bérubé, dans un courriel transmis à La Presse canadienne.

La ministre canadienne des Affaires étrangères a déclaré aux journalistes mercredi que son gouvernement n’avait pas pu entrer en contact avec le deuxième Canadien — sans le nommer, à ce moment — depuis qu’il avait fait part de ses préoccupations aux autorités canadiennes. Elle a précisé qu’Ottawa ne savait pas où l’homme se trouve, mais avait soulevé le dossier avec les autorités chinoises.

Chrystia Freeland a ajouté que le gouvernement canadien était en contact avec la famille du disparu, mais a refusé d’en dire davantage.

Elle a déclaré qu’il s’agissait d’une «situation qui est peut-être délicate», ajoutant vouloir «respecter cet individu et sa famille».

Le site Web de Paektu Cultural Exchange, l’organisation fondée par M. Spavor, indique qu’il est originaire de Calgary, même s’il vit depuis plus de 20 ans en Corée du Nord et en Corée du Sud. Il dit qu’il parle couramment le coréen et le français et qu’il apprend le chinois.

Au même moment, un haut responsable du gouvernement a déclaré que la Chine avait confirmé au Canada très tôt mercredi que le Bureau de la sécurité de l’État de Pékin avait arrêté Michael Kovrig. Ottawa, cependant, ne sait pas quelles allégations sont portées contre lui, ni où il se trouve, a déclaré le responsable.

L’ancien ambassadeur du Canada à Pékin, qui était le chef de M. Kovrig en Chine, a expliqué qu’il aurait été sous la surveillance étroite des autorités chinoises il y a plusieurs années alors qu’il parcourait le pays et s’entretenait avec des dissidents au nom du gouvernement canadien.

Michael Kovrig a assumé des missions de reportage politique sur des sujets extrêmement délicats, a déclaré Guy Saint-Jacques, ancien ambassadeur du Canada à Pékin.

M. Saint-Jacques a raconté que Michael Kovrig avait tenté de «prendre le pouls» de nombreux groupes, tels que les Tibétains déplacés un peu partout en Chine et les minorités musulmanes du nord-ouest du Xinjiang, où Pékin était accusé par la communauté internationale — y compris le Canada — de procéder à des détentions massives.

«Tout cela aura évidemment attiré l’attention des services de sécurité chinois», a soutenu l’ancien ambassadeur. D’autant plus que les autorités colligeaient des dossiers sur tous les diplomates étrangers en poste en Chine — en particulier ceux qui, comme M. Kovrig, parlaient couramment le mandarin.

En février 2017, M. Kovrig a poursuivi ses reportages sur certains des sujets les plus sensibles concernant la Chine après avoir rejoint l’International Crisis Group en tant que conseiller. Ses travaux pour l’organisation non gouvernementale ont porté sur divers sujets, dont la crise nucléaire en Corée du Nord, les relations entre la Chine et les États-Unis et sa présence croissante en Afrique.

Des responsables chinois ont déclaré mercredi que l’International Crisis Group n’était pas enregistré en Chine et ont affirmé que ses activités dans le pays étaient illégales.

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