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Agressions sexuelles: Trudeau prêt à revoir le Code criminel

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau se dit ouvert à revoir le Code criminel pour que davantage de plaintes de viols et d’agressions sexuelles mènent à des accusations.

«Oui, certainement», a-t-il affirmé vendredi lors d’une entrevue accordée à La Presse canadienne.

«On est toujours ouvert à faire des améliorations, des changements au Code criminel, a-t-il ajouté. Mais je pense qu’un des plus grands défis qu’on commence à comprendre, c’est qu’il n’y a jamais de solution (simple) à des enjeux comme ça et ce n’est pas juste de changer la loi qui va tout régler.»

Il prône un changement de culture et cite en exemple l’appui que les libéraux ont donné au projet de loi de l’ex-chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, qui rendrait obligatoire une formation sur les agressions sexuelles pour les futurs juges.

Le projet de loi, adopté par la Chambre des communes en mai, est bloqué dans un comité du Sénat depuis.

Fardeau de la preuve

L’affaire Gilbert Rozon a soulevé l’indignation au Québec au cours des derniers jours. Sur les 14 plaintes reçues par la police, une seule a été retenue par le Directeur des poursuites criminelles et pénales. Le fondateur du festival Juste pour rire a été accusé de viol et d’attentat à la pudeur sur une femme pour des gestes qu’il aurait commis il y a 40 ans.

La Presse canadienne n’a pas demandé au premier ministre de commenter le cas précis de Gilbert Rozon, mais plutôt la possibilité de changer le Code criminel pour qu’il soit plus facile de porter des accusations.

Des voix se sont élevées au Québec dans la foulée de l’affaire Rozon pour demander des modifications législatives. Le nouveau chef du Service de police de la Ville de Montréal, Sylvain Caron, suggérait dans une entrevue au Devoir vendredi qu’il fallait revoir le Code criminel «sur l’approche en matière d’agressions sexuelles», notamment sur le fardeau de la preuve et les exigences pour corroborer la version des victimes.

Bien qu’il soit ouvert «à faire des améliorations», M. Trudeau a évité de se prononcer sur l’allégement ou le renversement du fardeau de la preuve.

«Je ne suis pas assez expert dans ça pour pouvoir me prononcer directement là-dessus, mais j’écouterais les avis de bien des gens qui s’y connaissent», a-t-il offert.

Il a réfléchi à voix haute sur le sentiment qu’ont certaines personnes de devoir être une victime parfaite, avec un souvenir impeccable des événements traumatisants qu’elles ont vécus, pour que leur plainte chemine dans l’appareil judiciaire.

«On commence à comprendre que cette victime parfaite qui se souvient de tout, ce n’est pas la norme, ce n’est pas la réalité et c’est même quelque chose qui des fois est un signe que peut-être l’histoire n’est pas aussi véridique, a-t-il avancé en faisant référence aux témoignages et analyses rapportés dans les médias. Si tout le monde se souvient de tous les détails, ça peut même venir affaiblir le plaidoyer ou la défense.

«Il faut réfléchir et comprendre tous les différents facteurs, a-t-il ajouté. Alors, oui s’il y a des solutions plus faciles, je suis très ouvert à les chercher.»

En début d’année, le premier ministre avait donné son appui indéfectible aux mouvements #moiaussi et #timesup et avait salué le courage des femmes qui dénoncent le harcèlement et les agressions sexuelles.

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