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Kevin Vickers: la qualité de ses défauts

Justin Tang / La Presse Canadienne Photo: Justin Tang / La Presse Canadienne

Kevin Vickers est passé de l’anonymat à peu près total au statut de héros national lorsqu’il a contribué à neutraliser un homme armé qui s’était introduit au Parlement en 2014. Mais alors qu’il songe à remplacer Brian Gallant à la tête du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, des politologues estiment qu’il est largement considéré comme un «étranger» dans sa province natale.

Quelques jours après que l’ancien premier ministre Gallant a confirmé qu’il quittera ses fonctions de chef libéral plus tôt que prévu, M. Vickers, ambassadeur du Canada en Irlande depuis quatre ans, a annoncé cette semaine qu’il pourrait être intéressé par le poste.

Cette déclaration a surpris le politologue J.P. Lewis, de l’Université du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean, qui ne connaissait pas d’allégeance politique particulière à cet ancien sergent d’armes de la Chambre des communes, devenu héros du jour au lendemain. Bien que M. Vickers puisse être considéré maintenant comme «un personnage de l’histoire canadienne», il n’a pas été très présent dans sa province natale, a rappelé M. Lewis.

Le 22 octobre 2014, le sergent d’armes a tiré sur un homme armé d’un fusil au parlement. Michael Zihaf Bibeau avait fait irruption dans l’édifice du Centre après avoir tué un peu plus loin le réserviste Nathan Cirillo, qui montait la garde au Monument commémoratif de guerre du Canada. Les parlementaires lui en seront éternellement reconnaissants, et le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, l’a nommé ambassadeur en Irlande trois mois plus tard.

M. Vickers est né et a grandi à Newcastle, qui fait maintenant partie de la municipalité de Miramichi. Il a été policier au sein de la Gendarmerie royale du Canada pendant 29 ans avant de se joindre au personnel de sécurité de la Chambre des communes en 2005. M. Vickers a par ailleurs de profondes racines au Nouveau-Brunswick: son père, Bill Vickers, a participé à l’installation dans la province de la coopérative laitière Northumberland il y a plusieurs décennies.

Mais «il est absent depuis si longtemps du Nouveau-Brunswick qu’il est considéré comme un « étranger » (outsider)», a soutenu dans un courriel Mario Lévesque, professeur de sciences politiques à l’Université Mount Allison de Sackville. Le politologue admet toutefois que ce statut d’«étranger» pourrait bien ne pas diminuer ses atouts politiques. «Après tout, les gens constituent notre première exportation dans les Maritimes.»

Pas issu du sérail

D’autres observateurs politiques estiment même que l’absence de M. Vickers de la scène politique néo-brunswickoise pourrait constituer au contraire son principal atout: il n’est pas issu du sérail.

«On ne connaît rien de ses opinions politiques, et le Parti libéral souhaite peut-être se rebâtir avec de nouvelles personnes et de nouvelles idées», a estimé Jamie Gillies, professeur de sciences politiques à l’université St. Thomas de Fredericton.

Roger Ouellette, professeur à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, croit lui aussi que les libéraux seraient bien avisés de chercher un chef qui ne soit pas déjà lié à l’«establishment du parti» — et de préférence, un anglophone bilingue. Le professeur Ouellette rappelle que les libéraux sont parfaitement conscients qu’ils ont perdu une grande partie de leur soutien en septembre dernier dans des régions essentiellement anglophones de la province.

Le politologue Lewis est d’accord: l’expérience de M. Vickers contraste avec celle de Brian Gallant, qui était largement considéré comme un «politicien de carrière», au moment où de nombreux électeurs ont tourné le dos au système bipartite bien établi dans cette province.

Comme M. Vickers, le nouveau premier ministre progressiste-conservateur, Blaine Higgs, est considéré lui aussi comme un «outsider» politique: il a travaillé pendant 33 ans au sein de la pétrolière Irving, avant de se lancer en politique quatre mois après sa retraite, en 2010.

Aucun candidat ne s’est officiellement manifesté jusqu’ici dans la course à la direction du Parti libéral, même si plusieurs noms circulent déjà. M. Vickers a rencontré au moins deux députés — les anciens ministres Lisa Harris et Benoît Bourque.

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