Culture du cannabis: des plaintes contre les mauvaises odeurs
PELHAM, Ont. — David Ireland est frustré par «l’odeur de mouffette» du cannabis qui s’échappe de deux installations de culture de la marijuana et qui fait son chemin jusqu’à l’extérieur de son domicile à environ cinq kilomètres de l’endroit, même en hiver.
«Les jours chauds et humides, c’est pire, car ils doivent ventiler plus souvent… Vous ne pourriez pas ouvrir vos fenêtres», a-t-il déclaré.
La ville de Pelham, en Ontario, où vit M. Ireland — à une heure en voiture de Toronto, près de la région viticole de Niagara — est devenue un foyer pour les producteurs privés de marijuana légale qui ont acheté des serres et les ont converties des fleurs et des légumes en des cultures plus lucratives.
Selon le maire de Pelham, Marvin Junkin, six opérations de production de marijuana sont actuellement autorisées sur le territoire de la communauté de 17 500 personnes.
Et tandis que la communauté est réceptive aux emplois créés par les entreprises, les récriminations de plus en plus nombreuses concernant la pollution lumineuse et les odeurs ont incité des habitants tels que M. Ireland à former un groupe visant à faire rendre des comptes à l’industrie.
En conséquence, la Ville de Pelham a interdit toute nouvelle installation de culture de cannabis et les installations existantes ne sont pas autorisées à prendre de l’expansion pendant un an, en vertu d’un règlement de contrôle intérimaire mis en place le 15 octobre dernier.
«Malheureusement, ceux qui sont ici n’ont pas été les meilleurs citoyens corporatifs», a affirmé M. Junkin.
«C’est une épée à deux tranchants en ce moment», a dit le maire. «En tant que ville, nous aimons vraiment les emplois (que ces entreprises génèrent)… Si elles pouvaient seulement faire un peu plus un bout de chemin sur les émissions, la lumière et les odeurs.»
La tension qui règne à Pelham met en lumière les difficultés croissantes de l’industrie du cannabis alors que les joueurs canadiens augmentent leur production pour répondre à la demande nationale et mondiale tout en conciliant les préoccupations des communautés où ils opèrent.
Selon un récent rapport de Deloitte, le marché canadien du cannabis, comprenant des produits médicaux, récréatifs légaux et illégaux, devrait générer des ventes totalisant jusqu’à 7,17G$ en 2019. Deloitte a ajouté que les ventes légales devraient représenter plus de la moitié de ce montant, jusqu’à 4,34G$ la première année.
Le Canada est devenu un chef de file mondial de cannabis, les entreprises élargissant leur portée mondiale alors que de plus en plus de pays du monde légalisent la substance à des fins médicales.
Le résultat a été un choc économique dans des communautés telles que Leamington et Smiths Falls, en Ontario, contribuant à combler le vide laissé par les usines qui produisaient autrefois le ketchup Heinz et les chocolats Hershey, a souligné Brad Poulos, professeur d’économie à l’Université de Ryerson.
L’opposition à l’industrie à Pelham restreint les plans des producteurs autorisés tels que CannTrust, entravant leur capacité à croître et à tirer profit du resserrement actuel de l’offre.
CannTrust a ouvert une installation hydroponique à Pelham en juin dernier, qui, selon la société, est à même de produire jusqu’à 50 000 kg de pot par an. Le producteur avait également prévu d’agrandir l’installation en deux phases, ce qui augmenterait sa production à 100 000 kg.
La société n’a pas encore reçu les autorisations nécessaires pour la dernière phase de son expansion.
La société a pris «d’importantes précautions» pour contrôler les odeurs dans son usine de Pelham et n’a reçu aucune plainte, a soutenu le chef de la direction de CannTrust, Peter Aceto, tout en ajoutant que des autorités ont pris contact avec l’entreprise à propos de la pollution lumineuse.
«Il a toujours été très important pour nous d’être un bon membre de cette communauté, a dit M. Aceto. Donc, s’il y a quelque chose qui rend les gens malheureux, nous voulons y remédier.»