«L’histoire n’est pas terminée» – Eliane Laberge, présidente de la FECQ
Comme à chaque début de trimestre, le Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) rencontre ses associations étudiantes pour discuter avec ses membres. Presqu’un an après le déclenchement de la grève étudiante qui restera dans les annales et à la veille de la tenue du Sommet sur l’éducation supérieure, qui doit avoir lieu à Montréal le mois prochain, ces rencontres sont d’autant plus importantes. Métro en a discuté avec la présidente de la FECQ, Éliane Laberge.
Quel est le moral des cégepiens actuellement ?
Les étudiants qui ont un calendrier régulier sont motivés par ce qui se passe présentement dans la sphère politique et médiatique. Ils ont beaucoup d’attentes par rapport au sommet à venir. Il faut leur démontrer qu’on a diverses raisons d’être et qu’on a des mandats clairs des associations étudiantes locales. D’un autre côté, ceux qui ont un calendrier chamboulé, ils ont soit terminé la semaine dernière ou ils terminent cette semaine. Avec eux, il y a des liens de confiances à recréer. Avec tout ce qu’on a vécu au printemps dernier, c’est important de démontrer que les associations étudiantes ne font pas seulement la grève lorsque l’occasion s’y prête et qu’elles ont d’autres utilités.
Sentez-vous que vos membres sont satisfaits du travail de la FECQ ?
La majorité de nos associations étudiantes ont confiance en la FECQ. Elles reconnaissent que la FECQ est la seule organisation nationale étudiante à représenter seulement des étudiants collégiens. Nos membres le reconnaissent et ils en sont contents parce que ça fait avancer leurs conditions en tant qu’étudiants collégiens. Il y a des critiques qui ont été faites au cours des derniers mois. Tant des associations étudiantes membres que l’exécutif national prennent acte de ces critiques et y réfléchissent pour faire grandir la FECQ.
Vos membres se sentent-ils concernés par le Sommet de l’éducation supérieure ?
Oui. On en entend beaucoup parler. Il y a beaucoup d’attentes. C’est un sujet de discussion important qui emporte les étudiants. Pour eux, c’est une occasion concrète de faire évoluer nos conditions en tant qu’étudiants collégiens mais aussi universitaires. Pour eux, l’histoire n’est pas finie. Ils veulent savoir comment cette histoire va se terminer.
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Concrètement, quelles positions la FECQ défendra-t-elle lors du sommet ?
En ce qui concerne la qualité de l’enseignement supérieure, nos membres veulent être davantage impliqués dans les processus d’évaluation de l’enseignement et éventuellement des enseignants. Il faut aussi avoir une préoccupation grandissante pour la diversification du type d’étudiant, notamment les étudiants qui ont des besoins particuliers.
En ce qui concerne l’accessibilité et la poursuite des études supérieures, il faut geler les droits de scolarité et bonifier l’aide financière aux études.
On a aussi une préoccupation majeure en ce qui a trait au réseau collégial en région. Il y a plusieurs de nos membres qui sont dans des cégeps éloignés et qui ont des difficultés de recrutement. Il y a des inquiétudes en raison des récentes coupures et d’une impression d’un certain désintérêt du cabinet du ministre concernant le réseau collégial. Le problème qu’il y a en ce moment, c’est que le financement des cégeps est uniforme. Moins on a d’étudiants, moins on a de financement. Alors les cégeps doivent couper dans les services aux étudiants et dans les programmes et ils deviennent moins attrayants. Il est primordial de mettre fin à cette roue parce que c’est notre réseau collégial qui va en souffrir et éventuellement notre réseau universitaire.
Jusqu’à présent, êtes-vous satisfait du gouvernement de Pauline Marois ?
Nous sommes satisfaits que le gouvernement ait annulé la hausse des droits de scolarité et qu’il ait mis en place ce sommet sur l’enseignement supérieur. Parfois, on a l’impression que le gouvernement ne sait pas où il s’en va. Comme on est encore dans le processus de consultation et de discussion sur l’enseignement supérieur, on va se prêter à l’exercice.
Certaines décisions nous mécontentent, comme les coupures dans le réseau collégial qui auront un impact concret. On espère une plus grande préoccupation quant au réseau collégial. Les liens de communications sont beaucoup plus faciles.
La pertinence des cégeps a récemment été remise en question par l’aspirant chef du Parti libéral du Québec, Pierre Moreau. Il a précisé qu’il ne souhaitait pas les abolir. Êtes-vous surprise de la déclaration de l’ancien ministre libéral ?
Oui et non. Par le passé, ce sont surtout les Libéraux qui ont tenu ce genre de discours. En même temps, c’est un débat qu’on a eu à maintes reprises par le passé. La majorité des acteurs du réseau supérieur reconnaissent l’utilité, la pertinence et le caractère essentiel du réseau collégial pour l’enseignement supérieur mais aussi pour le développement du Québec en général. Les cégeps sont des acteurs de développement économique, social, culturel qui sont extrêmement importants. Leur abolition serait catastrophique. On ne sait pas sur qui on peut tomber et qui va décider de remettre la pertinence des cégeps en question. L’an dernier, c’était François Legault. Cette année, c’est Pierre Moreau. Il faut rester alerte.