«Blackface»: après les excuses de Justin Trudeau, des actions réclamées
Le premier ministre s’est longuement excusé pour les multiples épisodes de blackface et de brownface révélés depuis mercredi. Maintenant, des actions sont réclamées par les diverses communautés touchées.
Le militant antiraciste Will Prosper croit que cet enjeu démontre le danger à avoir un discours de «façade» sur la diversité.
«Sa réponse va devoir être accompagnée d’autres politiques beaucoup plus profondes qui démontrent que c’est complètement inacceptable», dit-il en entrevue à Métro.
Même son de cloche du côté de Shahad Salman, spécialiste des communications en diversité.
«Les communications générales ne suffisent plus pour répondre aux différents enjeux et potentielles critiques en lien avec la diversité et l’inclusion. […] Est-ce qu’on va instaurer des programmes d’éducation pour lutter contre le racisme, pour expliquer les conséquences du blackface ou du brownface?» s’interroge-t-elle.
«Tempête dans un verre d’eau» dit la Ligue des Noirs
La Ligue des Noirs du Québec a plutôt défendu le premier ministre sortant. Dans une publication diffusée sur Facebook, elle demande à M. Trudeau de ne pas s’excuser.
«Ceux qui critiquent le Premier ministre Justin Trudeau nagent dans un bassin d’hypocrisie car ils n’ont rien fait pour promouvoir l’intérêt de la communauté noire et culturelle. Justin Trudeau a démontré l’importance de la diversité et de l’inclusion dans l’ensemble du Canada et ça reflète la composition de son gouvernement et son action», écrit l’organisme.
Privilège blanc
M. Trudeau a également à évoqué le «privilège blanc» dans ses excuses.
«Foncer sa peau, ça banalise une réalité auxquelles des gens marginalisés font face tous les jours», a-t-il dit jeudi, lors d’une conférence de presse à Winnipeg.
La professeure Ozlem Sensoy, spécialiste en éducation à la justice sociale, estime que les agissements de Justin Trudeau découlent «d’une attitude conventionnelle qui perçoit les personnes marginalisées comme des objets unidimensionnels qui peuvent devenir des costumes».
Mme Sensoy estime que M. Trudeau aurait dû être plus conscient en tant qu’enseignant de 29 ans. Elle ajoute toutefois que d’autres personnes auraient dû l’aviser du problème.
Ozlem Sensoy rappelle que plusieurs personnes portent souvent des costumes d’Halloween à caractère raciste lorsqu’ils décident de s’habiller en princesses autochtones, en «gitanes» ou en princesse orientale.