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Un placement par la DPJ mène trop souvent à l’itinérance

Une personne vivant de l'itinérance
Photo: Patrick Sicotte

Une part importante des jeunes placés par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) sont plus à risque de connaître des situations de logement instable et même l’itinérance, conclut une large étude menée par des chercheurs de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP). Québec doit améliorer l’accompagnement de ces enfants lorsqu’ils deviennent majeurs et sortent du réseau, réclament des intervenants.

L’Étude longitudinale sur le devenir des jeunes placés (ÉDJEP) a rejoint plus de 800 jeunes en 2018, dont près de 720 qui avaient quitté le système de placement par l’État. Un cinquième (19 %) de l’échantillon a affirmé avoir vécu au moins un épisode d’itinérance dans l’année suivant leur départ.

«Plus les jeunes ont été déplacés dans leur trajectoire, plus ils sont à risque de connaître des situations d’itinérance», a expliqué en conférence de presse le chercheur Martin Goyette, qui a participé à l’élaboration du rapport.

Lorsqu’il a eu 18 ans, Kevin Champoux-Duquette a «perdu l’accompagnement» de ses intervenants», déplore aujourd’hui le jeune homme, qui a vécu 11 ans dans des centres jeunesse. Il évoque des «manques de service pour les jeunes» après leur sortie du système de protection de la jeunesse.

«J’ai dû dormir dehors. J’ai dû dormir sur des terrains de gravier, dans des portiques. Ce sont toutes des choses inacceptables», a-t-il affirmé, en marge de la conférence de presse.

Instabilité résidentielle

Pour ceux qui réussissent à se loger, l’avenir n’est guère plus rose, toujours d’après l’étude. Environ 45 % des personnes interrogées affirment avoir une «situation résidentielle temporaire».

«Ce que ça démontre, c’est l’importance de s’intéresser à l’enjeu de la transition à la vie adulte. Il faut trouver les moyens pour que la stabilisation résidentielle se poursuivre bien après les 18 ans» – Martin Goyette, professeur titulaire à l’ÉNAP

Ajustements gouvernementaux?

M. Goyette propose de réfléchir à la fin de la période de prise en charge des jeunes placés par la DPJ. La philosophie américaine de l’«extended care», qui s’étend au-delà de la majorité, est une avenue à considérer.

«C’est pour que tout ne cesse pas en même temps», avance-t-il.

La directrice générale de l’organisme Dans la rue, Cécile Arbaud, fait entendre le même son de cloche. «Il faut prolonger l’assistance au-delà de 18 ans, pour faciliter l’accès à l’école, aux services sociaux, au logement.»

L’allongement de la prise en charge par l’État permettrait d’alléger les responsabilités des milieux communautaires, déjà importantes, rappelle Mme Arbaud.

«Il ne faut pas que l’itinérance devienne la solution de sortie. On ne veut pas qu’ils viennent chez nous», lance-t-elle.

La Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ), menée par Régine Laurent, est un premier pas, souligne Martin Goyette. La commission doit toutefois respecter la parole des jeunes, selon le professeur. «Qu’ils soient entendus est un élément central», affirme-t-il.

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