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Centres de tri: la bourse des matières résiduelles

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Le nouveau centre de tri des matières recyclables à Lachine, sur l'île de Montréal Photo: Josie Desmarais/Métro

Québec Hebdo et Métro se sont intéressés à l’écosystème du recyclage au Québec, dans la foulée crise du recyclage et des débats entourant le Publisac. Voici le second d’une série de trois textes.

La plupart des matières traitées au centre de tri de Québec seront recyclées localement. C’est l’aluminium qui gagne la palme de la matière qui vaut le plus cher avec un prix qui va jusqu’à 5000$ la tonne. Cependant, 27% des matières sont exportées lorsqu’il n’y a pas d’acheteurs locaux. C’est notamment le cas du papier journal, acheté principalement par l’Asie.

«Les acheteurs étrangers, c’est comme une bourse de matières avec un jeu d’offres et de demandes. Le papier journal est la principale matière exportée avec le plastique multicouches. Le reste, c’est local», précise Matthieu Fournier, chef d’équipe à la Division des matières résiduelles à la Ville de Québec. Comme il l’explique, la matière est soumise aux fluctuations de ce marché mondial, et en subit parfois les soubresauts. «Quand on exporte, ce n’est pas pour le plaisir. Ça coute cher. Il n’y a aucun marché pour le papier au Québec et au Canada», insiste-t-il.

Fournier explique que pour réutiliser un papier journal, il faut enlever l’encre, on appelle cela désencrer. «C’est la Chine qui procède à du désencrage. On n’est pas équipé au Québec».

À Montréal, ces données semblent plus difficile à obtenir, la plupart des centres de tri ne publiant pas ce genre de renseignements. Le groupe Rebuts Solides Canadiens (RSC), qui gère le centre de tri, n’a pas répondu aux questions de Métro à ce sujet.

Le cas du verre

Le centre de tri de Québec s’est doté d’un système d’implosion du verre, un équipement qui a coûté 2.3 M$, financé grâce à Éco Entreprises Québec dans le cadre du programme verre innovation. Cinq centres de tri au Québec ont pu en bénéficier. «À l’aide d’une onde de choc dans le verre, il va se briser. Mais pas le métal», indique-t-il.

Le verre final du centre de tri atteint un taux de pureté de 97%. Avec ça, on fait des abrasifs, du sable de filtration.

«Ce verre-là, à l’heure actuelle, on n’est pas capable de lui donner une valeur ajoutée sans une étape ultime de raffinage. Aucun centre de tri ne possède cet équipement pour être capable de refondre le verre et d’en faire une bouteille, par exemple», explique le chef d’équipe.

Et la consigne?

La Ville de Québec est en faveur de la consigne. Grâce à la machine qu’ils ont, le verre est 100% recyclé et ne va pas aux sites d’enfouissement. «Quand le verre est trié à la source, dans un système de consigne et de dépôt, il va toujours y avoir du verre dans le bac bleu. Le pot de cornichons se retrouvera toujours dans le bac bleu, donc on travaille sur les deux fronts. Mais il y a quelques années, on se retrouvait encore avec 10 000 tonnes de verre à l’incinérateur, lorsqu’on avait comptabilisé. On en reçoit 10 000 tonnes ici aussi. Si on fait le calcul, ça veut dire qu’on perd 50% du verre encore aujourd’hui», indique M. Fournier.

En jouant sur les deux tableaux, la Ville s’assure que son verre, à défaut d’obtenir une plus-value, sera 100% recyclé.

La Ville de Québec exporte 27% des matières recyclées. C’est donc un taux de 73% qui est utilisé ensuite localement.

Avec la collaboration de Henri Ouellette-Vézina.

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