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Violences sexuelles en milieu universitaire: «encore des problèmes», malgré des avancées

Les violences sexuelles en milieu universitaire font l'objet de suivis dans les bureaux d'intervention des différents établissement.
Assurée par la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, l'enquête visait à établir le portrait global des situations des violences à caractère sexuel en milieu collégial. Photo: Josie Desmarais/Métro

Trois ans après les révélations-choc de l’Enquête sexualité, sécurité et interactions en milieu universitaire (ESSIMU), «on n’a pas éliminé les problèmes», constate la chercheuse principale derrière le rapport, Manon Bergeron.

Il y a trois ans jour pour jour était diffusée l’ESSIMU, un large sondage mené auprès d’étudiants et d’employés de six établissements d’enseignement supérieur québécois. Constat principal : plus du tiers des répondants et des répondantes avaient dû composer avec une forme de violence sexuelle depuis leur arrivée à l’université.

Au même moment, le phénomène de dénonciation des agresseurs #MoiAussi atteignait le Québec. À la fin 2016, l’Université Laval vivait un drame à la suite d’intrusions dans ses résidences.

«Il y a eu une combinaison d’éléments qui a fait en sorte qu’il y a eu une mobilisation politique, sociale et institutionnelle», résume Manon Bergeron en entrevue avec Métro.

Manon Bergeron
Manon Bergeron

Incidences politiques

Sur le plan politique, les conclusions d’ESSIMU ont fait bouger les choses à l’Assemblée nationale, croit Mme Bergeron. Le projet de loi 151, devenu par la suite la loi 22.1, a entre autres forcé les universités et les cégeps de la province à se doter d’une politique de lutte contre les violences sexuelles.

«N’empêche qu’ESSIMU a permis de documenter le phénomène globalement, au-delà des opinions personnelles et des impressions», indique Mme Bergeron, qui enseigne à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Celle-ci se dit contente que les 15 recommandations des chercheuses d’ESSIMU ont entraîné des résultats.

«Ça venait mettre des chiffres sur les témoignages que les gens amenaient à la table.» – Manon Bergeron

Tout n’est pas rose

Si, dans l’ensemble, elle voit du positif des trois dernières années, Manon Bergeron demeure réaliste.

«Les échos qu’on entend démontrent que ce n’est toujours pas comme on le souhaiterait», avoue-t-elle.

«D’abord y a encore des violences sexistes et sexuelles, énumère-t-elle. Et il y a des personnes qui dévoilent et qui rencontrent une réponse institutionnelle qui ne leur correspond pas. C’est clair qu’on n’a pas éliminé le problème.»

Dans les universités

Au sein des institutions universitaires québécoises, c’est sans doute la mise à jour des politiques contre la violence sexuelle qui a marqué les trois dernières années. Ces modifications, imposées par les gouvernements, devaient être apportées au plus tard il y a un an.

«L’enquête ESSIMU est venue confirmer les préoccupations qu’on avait», souligne la directrice du Bureau d’intervention en matière de harcèlement (BIMH) de l’Université de Montréal, Isabelle Chagnon.

«Ça a été un éclairage porteur», ajoute Maude Rousseau, directrice du Bureau de l’Université du Québec à Montréal. Elle évoque désormais la nécessité dans les milieux universitaires de «s’adapter» .

La loi 22.1 a aussi entraîné l’ajout de formations obligatoires sur les violences à caractère sexuel dans les universités. Elles ont commencé à être dispensées à la session d’automne dernière.

S’inspirer des autres

La recherche dans l’élimination des violences à caractère sexuel suit toujours son cours au Québec. Mme Bergeron mène d’ailleurs une étude semblable à ESSIMU, mais dans les cégeps.

Trois ans plus tard, Manon Bergeron incite les établissements universitaires à s’inspirer les uns des autres.

«Tout le monde a fait ça un peu en solo. Regardons les bonnes pratiques et diffusons-les», propose-t-elle.

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