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Climat: deux élèves du secondaire suspendus pour avoir organisé un vote de grève

Une foule d'élèves d'une école secondaire lève le poing lors d'un vote portant sur la grève du climat.
Deux des élèves qui ont organisé ce vote de grève ont été suspendus par leur école. Photo: Courtoisie - Merlin Lavoie D'or

Deux élèves ont été suspendus par leur école secondaire des Laurentides, vendredi, pour avoir organisé un vote sur une éventuelle grève pour le climat. L’un d’eux dénonce «les bâtons dans les roues» que met la direction à ses collègues.

Dans les dernières semaines, Jasmin Cartier, un élève de la cinquième secondaire à la Polyvalente des Monts, a participé à l’organisation d’un vote de grève climatique, en compagnie d’autres élèves de son école.

«On ne tenait pas à rentrer dans une discussion avec la direction avant de demander l’avis des élèves, raconte à Métro l’élève de 17 ans. On voulait savoir si les jeunes étaient prêts à suivre.»

Dans les jours précédant le vote, qui s’est finalement tenu le 28 février dans l’établissement de Sainte-Agathe-des-Monts, la direction aurait «commencé à mettre des bâtons dans les roues» des organisateurs, avance Jasmin Cartier.

«Évidemment, la direction s’opposait à une grève. Mais à travers une dynamique très paternaliste, on se faisait empêcher de demander aux jeunes de s’exprimer», dit-il.

«On a participé à des rencontres et le policier de l’école était présent. On a eu des menaces de conséquences. Il y avait [une intention] de nous démotiver.» – Jasmin Cartier, élève de cinquième secondaire à la Polyvalente des Monts

«Prêts à assumer les conséquences», les organisateurs ont tout de même tenu le vote dans l’école. Sur les 175 élèves présents, 160 ont voté pour une grève d’un jour le 3 avril, selon Jasmin Cartier.

Suspensions

C’est alors que la direction aurait tenté de réagir. Deux des élèves à l’origine du vote de grève pour le climat ont été suspendus, soit Jasmin et un collègue qui a présidé l’assemblée.

«C’était vraiment une mesure pour nous décourager», affirme Jasmin Cartier.

La direction a depuis abaissé la suspension à un jour, sous la pression de professeurs et d’intervenants, indique l’élève.

«Une journée, on l’assume. Mais pour des gens qui demandent une démocratie, c’est vraiment exagéré.» – Jasmin Cartier

La suspension sera purgée au retour de la semaine de relâche. Joint par Métro, le directeur général de la Commission scolaire des Laurentides, Bernard Dufour, maintient que la suspension de Jasmin Cartier et de son collègue répond aux règles de l’école.

Selon M. Dufour, les élèves suspendus pour la grève du climat ont contourné les règlements en ne passant pas par le conseil étudiant. «Ils sont allés de leur libre chef. Il sont suspendus à l’interne», a-t-il confirmé, après s’être entretenu avec la directrice de la polyvalente.

À l’assemblée générale, les élèves de la Polyvalente des Monts ont voté en faveur de la création d’une nouvelle association étudiante, constate Jasmin Cartier. Ce faisant, les étudiants souhaitent être représentés par «une instance qui est moins encadrée» par la direction.

«Illogique»

La porte-parole pour le secondaire de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES), Anaïs Gousse, évoque une décision ironique de la direction de l’école.

«Tu empêches à un élève d’avoir une éducation en réaction au fait qu’il manque des cours. C’est un peu illogique dans ma tête», lance-t-elle.

«La grève, c’est le seul moyen de pression qu’on a, surtout qu’on n’a pas le droit de vote», ajoute l’élève de cinquième secondaire.

Selon Jasmin Cartier, «le gros argument de la direction» pour délégitimer le vote consiste à faire allusion au statut de mineurs des votants.

«Le but de cette sortie, aussi, c’est de dénoncer une espèce de dynamique qui peut se reproduire dans d’autres écoles», maintient-il.

Grève

En plus d’avoir voté sur la grève, les jeunes de la Polyvalente des Monts ont voté des motions en soutien aux chefs héréditaires wet’suwet’en et en opposition au projet de liquéfaction de gaz naturel GNL Québec.

Les élèves souhaitent aussi marcher dans les rues de Sainte-Agathe, le 3 avril. Jasmin Cartier s’attend toutefois à ce que la direction fasse des siennes ce jour-là.

«Ça a été spécifié par la direction qu’elle n’allait pas respecter la décision des élèves», souligne le jeune homme de 17 ans.

Bernard Dufour confirme que cette grève ne peut pas se faire aux yeux de la Commission scolaire des Laurentides. «Le vote de grève, on ne peut pas l’autoriser parce que les élèves ont moins de 18 ans», signale-t-il.

La CEVES organise à la fin mars et au début avril une semaine complète de grève climatique. Aux dernières nouvelles, tout près de 6000 étudiants collégiaux et universitaires avaient voté un mandat de grève pour le 3 avril, au minimum.

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