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Près de 75% des Québécois en faveur du rachat des armes prohibées au Canada

Armes
Des armes semi-automatiques Photo: Elaine Thompson/AP

La majorité des Québécois (74%) et des Canadiens (61%) souhaitent voir le gouvernement Trudeau racheter toutes les armes d’assaut existantes au Canada, comme il l’avait promis lors de la dernière campagne électorale. C’est du moins ce qui ressort d’un nouveau sondage réalisé en ligne par la firme Environics Research pour le compte de PolySeSouvient, auprès de 1500 Canadiens entre le 11 et le 14 mai.

«On espère que ce coup de sonde va convaincre le gouvernement de ne pas reculer sur sa promesse», explique à Métro la coordonnatrice de l’organisme et diplômée de Polytechnique, Heidi Rathjen.

Selon elle, le fait de tolérer que ces armes demeurent entre les mains «d’individus ordinaires» – excluant policiers ou militaires – met en danger la population. «Aussi longtemps que ces armes vont demeurer en circulation, le risque va rester. C’est une question de sécurité publique et de justice par rapport à ce qu’on a promis aux familles des victimes», ajoute la responsable.

Les résultats du sondage sont par ailleurs unanimes d’un milieu à l’autre, tant en villes (62%) qu’en milieux ruraux (55%). Le Québec demeure la province la plus favorable à la création d’un programme obligatoire de rachat. La Colombie-Britannique suit avec 62%, et l’Ontario avec 61%. Ces chiffres passent sous la barre des 50% en Alberta et en Saskatchewan, toutefois.

Une lettre, pas d’actions

La semaine dernière, dans une lettre envoyée au ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, PolySeSouvient avait pressé Ottawa de créer un programme de rachat obligatoire des armes. «La majorité des tueurs de masse au Canada étaient propriétaires légaux des armes utilisées», écrivait-on.

Depuis, aucune discussion n’a vraiment eu lieu avec le gouvernement fédéral, dit Mme Rathjen, qui implore les autorités d’accélérer le pas. «Il ne semble pas y avoir de consultation ni d’échange», dit-elle.

«Ça nous inquiète, parce qu’on sait que le lobby des armes va tenter de nous discréditer de toutes les façons possibles. Ils vont dire que ce sont juste des gens du Plateau, alors que l’échantillon est très représentatif.» -Heidi Rathjen, de PolySeSouvient

La survivante et porte-parole de PolySeSouvient, Nathalie Provost, affirme que le caractère obligatoire du programme est essentiel. «Un programme de rachat volontaire qui offre des droits acquis est presque équivalent à ne pas avoir de programme de rachat. Des milliers d’armes à feu ayant bénéficié de clauses grand-père des années 90 demeurent encore en circulation aujourd’hui», martèle-t-elle.

Selon Mme Provost, faire les choses à moitié «constituerait une immense concession au lobby proarmes et encore une autre déception».

Encore beaucoup à faire, dit Ottawa

Au début mai, le premier ministre Justin Trudeau annonçait l’interdiction de pas moins de 1500 modèles d’armes d’assaut de type militaire au Canada. Parmi les modèles prohibés, on retrouve le Ruger Mini-14, utilisé dans le drame de Polytechnique en 1989.

«Cette annonce est un pas historique, mais nous sommes d’avis qu’il reste encore du chemin à faire. Dès que possible, nous présenterons un projet de loi visant à allouer des ressources supplémentaires aux policiers et agents des services frontaliers, et à introduire des sanctions plus sévères afin d’arrêter le flux d’armes à nos frontières.» Mary-Liz Power, porte-parole du ministre Bill Blair

Ottawa promet de déposer «dans cette législation» un programme de «rachat équitable et efficace» pour indemniser les propriétaires d’armes à feu. On ignore pour le moment s’il sera obligatoire. Chose certaine: une période d’amnistie de deux ans sera cependant accordée aux personnes qui possèdent ces types d’armes afin qu’elles se conforment à la nouvelle réglementation.

Les autorités entendent aussi créer des lois plus strictes «en matière de stockage sécuritaire afin de prévenir le vol d’armes à feu». «Nous prévoyons donner aux policiers, aux médecins, aux victimes de violences domestiques et aux familles la possibilité de signaler les personnes qui présentent un risque», conclut Mme Power.

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