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Jusqu’à 80% de mises en chantier en moins au Québec, une récession «historique»

Mises en chantier
Le prix annuel des logements vendus chutera lui aussi. La baisse moyenne observée serait de «9 à 18% par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie» Photo: Archives Métro

Pandémie oblige, les mises en chantier d’habitations – ainsi que leur prix moyen – devraient lourdement chuter au Canada cette année, surtout au Québec, avant de se redresser vers le milieu de 2021. C’est du moins ce que souligne un nouveau rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Dans un scénario «optimiste», la SCHL prévoit que les mises en chantier canadiennes diminueront de 51% par rapport à leurs niveaux d’avant la COVID-19. L’option plus «pessimiste» prévoit toutefois des baisses de 75%. Au Québec, on est en droit de s’attendre à une baisse oscillant entre 53% et 80%.

D’ici le deuxième semestre de 2021, la situation «commencera toutefois à se redresser», prévoit l’économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan, parlant d’une «récession historique» à traverser.

L’option pessimiste, si elle se produit, appellera d’ailleurs à plus de mesures gouvernementales, selon lui. «Il y aura plus de risques que les pertes d’emploi durent plus longtemps que la portée des paiements hypothécaires. C’est un enjeu à considérer», dit-il.

Des prix en chute libre

Le prix annuel des logements vendus chutera lui aussi. La baisse moyenne observée serait de «9 à 18% par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie», avant de remonter au début de l’an prochain.

Cette diminution des prix risque toutefois d’être «moins prononcée» au Québec, entre 6 et 11%, car la province ne fait pas face à une situation de surévaluation comme en Ontario ou en Colombie-Britannique, selon M. Dugan. «À Montréal, à Québec, les prix semblent plus alignés avec les facteurs fondamentaux du marché. On a alors moins besoin de les corriger», dit-il.

L’Alberta, en revanche, verra le prix de ses habitations diminuer drastiquement, avec des diminutions moyennes de 25% jusqu’à la fin de la pandémie.

«Ultimement, le retour à la vie normale va vraiment dépendre du développement d’un vaccin, ce qui pourrait prendre 12 à 18 mois. C’est ce qui permettra à l’économie de se relever.» -Bob Dugan, économiste en chef de la SCHL

Les ventes d’habitation, elles, seront encore plus durement affectées. Au Canada, elles devraient enregistrer une baisse «allant jusqu’à 29%», avant de «reprendre lentement» après 2022.

Du bon et du moins bon, disent des organismes

À la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), le directeur des affaires publiques Hans Brouillette parle de projections «réalistes». «Les prochaines années s’annoncent difficiles pour l’économie et l’immobilier n’y échappera pas. Il y aura des bouleversements qui affecteront la consommation et les investissements, donc l’emploi, l’endettement et la demande», souligne-t-il.

Il dit s’attendre à ce que les copropriétés «soient les premières affectées», juste avant les maisons. «La valeur des immeubles de revenus devrait être moins secouée, mais il faut s’inquiéter pour ceux qui ont acheté récemment à fort prix. Pour eux, les loyers ne suffisent pas toujours à payer toutes les dépenses et le revenu personnel de ces propriétaires est peut-être lui-même affecté par la crise», ajoute-t-il.

Au Regroupement des comités logement et associations de locataires (RCLALQ), le porte-parole Maxime Roy-Allard affirme que la diminution des mises en chantier n’augure rien de positif.

«Ça n’aidera sûrement pas à régler le problème de la crise actuelle. Bien que les nouvelles unités sont rarement du logement abordable, elles peuvent éventuellement en libérer.» -Maxime Roy-Allard, du RCLALQ

«On peut s’attendre à ce que la crise du logement dure encore plus longtemps que prévu, quand on regarde ces chiffres», ajoute-t-il.

La Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), lui, demande aux gouvernements «le financement d’un grand chantier de logements sociaux dans leurs plans de relance» pour contribuer à une augmentation des mises en chantier. «Sinon, on pourrait encore contribuer à la poursuite, voire à la détérioration, de la pénurie de logements locatifs», dit sa porte-parole, Véronique Laflamme.

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