Treize journées de grève annoncées dans les garderies en milieu familial
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) annoncent 13 jours de grève rotative dans toutes les régions du Québec, entre le 1er et le 18 septembre. Si l’impasse perdure, la grève illimitée sera déclenchée le 21 septembre. À Montréal, une première journée de grève est prévue le 11.
«On est très déçues, laisse tomber Valérie Grenon, présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ). On est dans l’attente de journées de négociation depuis l’été…»
Elle assure que «personne ne veut la grève mais, que là, on n’a pas le choix. On est rendu là», déplore-t-elle en entrevue à Métro.
Il y a quelques mois, le gouvernement a soumis une offre qualifiée de «dégradante» par les alliances des intervenantes en milieu familial (ADIM), affiliées à la FIPEQ-CSQ.
Ça fait partie de la grève rotative votée avant l’été, assure la représentante syndicale de l’ADIM, Silvana Wallace.
La grève, votée symboliquement le 8 mars lors de la Journée de la femme et prévue le 1er avril, a été reportée à la rentrée en raison de la pandémie. Elle a été votée à plus de 80 % par nos membres, précise Mme Wallace aussi responsable d’un service de garde en milieu familial depuis 18 ans.
Celle-ci dit être en présence des enfants 10 heures par jour. Et les exigences mises en place depuis juin pour la réalisation du Portrait de l’enfant exigé par Québec ajoutent à la lourdeur de ses tâches administratives.
Et les responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) aimeraient bien être payées pour réaliser le Portrait de l’enfant et rencontrer les parents deux fois par an pour leur présenter.
Au moment de notre entretien téléphonique, les 14 sections régionales du syndicat étaient en réunion à Gatineau avec l’objectif d’aller manifester devant les bureaux du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, afin d’accentuer la pression sur Québec pour faire avancer ce dossier. Il est minuit moins une, mais il n’est pas trop tard, assure-t-on.
Au bureau du ministre, on nous fait savoir qu’il n’y aura pas de négociations pas sur la place publique et que si «les responsables de services de garde souhaitent se faire entendre au-delà de la table de négociation […], c’est leur droit de le faire.»
«Toutefois, la conciliation famille-travail est difficile pour de nombreuses familles et il serait dommage que ce soit les parents et nos tout-petits qui fassent les frais de ces moyens de pression dans les prochains jours, a fait savoir par courriel l’attaché de presse du ministre Lacombe à la suite d’un appel de Métro.
«Nous invitons donc le syndicat à se rasseoir à la table des négociations pour arriver à une entente dans les plus brefs délais.»
Les enjeux qui achoppent
La convention des responsables de service de garde en milieu familial est échue depuis le 31 mars 2019.
Depuis cette date, certains éléments ont été réglés entre les parties, mais pas tous. Trois d’entre eux achoppent toujours : le salaire, les journées pédagogiques payées et la subvention pour les enfants ayant des besoins particuliers (allouée à un seul enfant par groupe de six par responsable). Ce qui pénalise certains enfants qui y auraient droit mais qui s’en trouvent privés du fait que la subvention 1/6 soit déjà allouée dans son groupe.
«Les 0-5 ans, c’est la relève du Québec.» – Valérie Grenon, présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ)
Les responsables en services éducatifs en milieu familial gagnent l’équivalent de 12,42$ l’heure. La FIPEQ-CSQ demande 16,75$ l’heure, soit l’équivalent du premier échelon d’une éducatrice dans un centre de la petite enfance (CPE).
Quand aux journées pédagogiques, elles sont nécessaires, assure dit le syndicat, en vertu de l’obligation demandée aux responsables des services de documenter leurs observations pour chaque enfant sous leur responsabilité. «On a rien contre, on est d’accord, dit Mme Grenon, sauf que les RES veulent être payées pour bien le faire.»
En rémunérant mieux la profession, on assurerait la relève, avance Mme Grenon. Celle-ci affirme que 13 000 places en milieu familial seraient disponibles si le gouvernement offrait de bonnes conditions au RSE.
L’absence de prime COVID a aussi mal passé dans les rangs, notamment en raison du surcroît de travail que «nettoyer, désinfecter et éduquer les enfants à la distanciation» entraîne chez celles qui ont pris soin des enfants des travailleurs essentiels, rappelle Mme Wallace, de l’ADIM.
En refusant d’aligner les salaires sur ceux en vigueur dans les CPE, Québec mine le moral des RSE, estime-t-elle. «On ne se sent pas reconnues ni valorisées dans notre travail.»