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Garderies libérales

Un autre pavé dans la mare libérale. Le rapport du vérificateur général tombe comme une tonne de briques au moment où la crise de confiance envers le gouvernement ne connaît aucun répit.

Renaud Lachance critique sévèrement le processus d’attribution des places en garderie instauré par le gouvernement peu de temps après son arrivée au pouvoir. Les mots employés sont sans équivoque. L’analyse des projets a fait place à la subjectivité, l’appel de projets n’a pas été réalisé avec toute la rigueur et l’efficience auxquelles on aurait pu s’attendre.

Il faut comprendre que les libéraux avaient changé les règles du jeu. On avait rapatrié au ministère le pouvoir d’allocation des places, un exercice auparavant dévolu à des tables régionales. Se faisant, on se privait d’une contribution du milieu qui aurait pu éclairer la ministre Courchesne, en poste à cette époque, sur la répartition des besoins et sur la possibilité de matérialiser rapidement les places. On aurait pu éviter que 74 % des projets retenus soient de qualité insatisfaisante, selon les critères mêmes du ministère et que 29 % des places soient dans des secteurs où l’on estimait des surplus. Ce qui désole davantage, c’est que 23 % des 18 000 places attribuées en 2008 n’ont toujours pas été créées, quand on sait qu’encore aujourd’hui, bien des parents espèrent trouver une place pour leur enfant.

Nicolas Girard, critique du Parti québécois, a été le premier à mettre en lumière les problèmes dans l’attribution des places à contribution réduite dans le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance. Jour après jour, il a tenaillé le ministre Tony Tomassi de ses questions. On l’a accusé de semer le doute inutilement, pourtant il y avait bien un os.

Un an après cette saga et la démission du ministre Tomassi pour d’autres raisons, le doute persiste. Si le vérificateur général n’est pas parvenu à prouver hors de tout doute que l’argent avait influencé le processus d’attribution, il a démontré que le processus d’attribution des places avait été bâclé et manquait de rigueur.

Fait encore plus troublant, le vérificateur général a même publié 85 projets rejetés par son ministère mais retenus personnellement par Mme Courchesne. De ce nombre, on trouve des donateurs libéraux qu’avait ciblés le Parti québécois dès l’an dernier. Preuve qu’il y avait de graves problèmes, des modifications à la loi ont été faites dernièrement. Le gouvernement est aujourd’hui revenu à l’approche des tables régionales. Maintenant que la preuve est faite, Jean Charest sanctionnera-t-il sa ministre?

On s’ennuiera de Renaud Lachance. Depuis qu’il est en poste, la publication des rapports du vérificateur général ne passe jamais inaperçue. Elle constitue même un événement politique. Il quitte pour prêter main-forte à la commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Il apportera une connaissance fine des processus gouvernementaux, une contribution qui sera sûrement fort utile à la commissaire Charbonneau. Il avait d’ailleurs publié un rapport accablant sur le fonctionnement du ministère des Transports.

– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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