Le début d'un temps nouveau
C’est novembre, il fait gris et pourtant il faut se réjouir. Dans la grisaille des mauvaises nouvelles, il y a un petit rayon de soleil. Jamais trop tard pour bien faire, le ministre de la Santé a déposé un projet de loi qui décloisonne les professions médicales.
Après l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, l’Alberta et la Colombie-Britannique, les pharmaciens du Québec verront leur champ de pratique s’élargir. Tout ça peut sembler bien technique, mais pour nous, patients en attente, c’est une excellente nouvelle.
Comme stipulé dans le projet de loi 41, une fois adopté, les pharmaciens pourront prolonger ou ajuster une ordonnance pour une période déterminée, administrer un médicament afin d’en démontrer l’usage approprié, prescrire certains médicaments lorsqu’aucun diagnostic n’est requis et, pour un pharmacien exerçant dans un centre exploité par un établissement de santé ou de services sociaux, prescrire et interpréter des analyses de laboratoire.
Et ce n’est pas tout. Comme le mentionne le communiqué de l’Ordre des pharmaciens, au cours de la prochaine année, l’adoption d’autres règlements permettra aux pharmaciens de traiter rapidement des conditions déjà connues. On pourra aussi procéder à la demande de tests de laboratoire afin d’évaluer certains traitements et, dans le cadre d’ordonnances collectives, avec la collaboration d’infirmières déjà habilitées à évaluer des patients, traiter certaines conditions médicales déterminées.
Il en aura fallu du temps pour que la négociation entre les ordres professionnels aboutisse. C’est un pas dans la bonne direction qui illustre que le fruit est mûr pour une réorganisation des soins de santé et surtout qu’il y a l’ouverture d’esprit pour le faire. Il faudra voir les bénéfices à l’usage, mais il y a fort à parier qu’un effet domino devrait être ressenti dans le système de santé.
Les salles d’attente souvent bondées seront moins engorgées par des patients réclamant des renouvèlements de prescriptions qui se s’effectueront dorénavant en pharmacie. Leurs chaises seront occupées par des personnes nécessitant un diagnostic médical. Et on peut prévoir que les grosses grippes seront soignées en clinique plutôt qu’à l’urgence et ainsi de suite.
Il reste certaines questions qui devront trouver réponses dans les prochains mois : cette opération se fera-t-elle à coût nul? Le projet de loi 41 créera-t-il un effet boule de neige? C’est manifestement le début d’un temps nouveau.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.