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COVID-19: les usagers du transport en commun se tournent vers la voiture, dit un sondage

Un homme emprunte le transport en commun.
Photo: Josie Desmarais/Métro

Le transport en commun, victime indirecte de la pandémie, pourrait perdre d’autant plus d’usagers, qui se tournent davantage vers la voiture. Selon un sondage, un quart des nouveaux propriétaires de véhicules motorisés affirment prendre le volant en raison de leur «refus d’utiliser» le transport collectif.

Mené en ligne auprès de 600 nouveaux acheteurs, à la fin du mois d’août, le coup de sonde du site autoHEBDO.net conclut également que 13% des propriétaires depuis le début de la pandémie ont adopté la voiture «pour des raisons d’hygiène» associées au covoiturage.

Rien d’étonnant à ceal, selon le chargé de cours Pierre Barrieau, spécialiste de l’urbanisme et de la mobilité. À ses yeux, le transport collectif prendra plusieurs années avant de revenir à la normale.

«Ce qu’on a actuellement, ça va laisser des séquelles», souligne-t-il.

Le spécialiste, qui enseigne notamment à l’Université de Montréal, évoque des comportements similaires des usagers du transport collectif lors d’épidémies passées. «La réaction que les gens ont en ce moment, c’est une réaction de type réflexe», croit M. Barrieau.

Après l’arrivée potentielle d’un remède, «ça va probablement prendre un 12 à 18 mois pour que les gens reprennent confiance», ajoute-t-il.

«Opération séduction»

Depuis 2017, le parc automobile se gonfle un peu moins rapidement. Selon Statistique Canada, le Québec a enregistré, en 2017, 477 000 nouvelles immatriculations. En 2018, ce chiffre est passé à environ 467 000, puis à 456 000 en 2019.

Difficile de dire si la pandémie fera repartir la tendance à la hausse, croit M. Barrieau. «La pandémie va pousser les gens à se motoriser. Cependant, la crise économique va avoir tendance à diminuer le taux de motorisation. On a deux grandes tendances en contradiction», analyse-t-il.

Dans le contexte, il invite les gouvernements à procéder, quand le temps sera le bon, à une «opération séduction» des transports collectifs. La clé, selon le chargé de cours : les infrastructures.

«La réalité, c’est qu’il y a des gens qui ne prendront plus jamais le transport en commun. Il va falloir aller chercher les part de marché en réalisant des nouveaux projets d’infrastructure.» – Pierre Barrieau, chargé de cours et expert en mobilité

Grands projets

À Montréal, certains grands projets d’infrastructure en transport semblent débloquer. Le mois dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) proposait au gouvernement de François Legault d’y aller d’une expansion vers l’est de Montréal.

Le service rapide par bus (SRB) du boulevard Pie-IX prend forme, et son tronçon vers Notre-Dame sera réalisé.

À l’autre bout du spectre, le prolongement de la ligne bleue du métro vers Anjou traîne la patte. Lorsque la dernière session parlementaire s’est terminée à l’Assemblée nationale, celui qui était alors président du conseil du Trésor, Christian Dubé, avait même avisé les Montréalais d’«oublier» le projet en raison de l’échec du projet de loi 61.

La nouvelle présidente du Trésor, Sonia LeBel, déposera bientôt une nouvelle mouture de la controversée mesure. Rien ne dit si la ligne bleue se retrouvera dans les projets que la CAQ souhaite «accélérer».

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