Dette: il faut suspendre les versements au Fonds des générations, dit l’IRIS
Empêtré dans les sables mouvants de la dette, le Québec pourrait trouver une voie de sortie s’il suspendait ses versements au Fonds des générations, propose l’Institut de recherche et d’information socioéconomiques (IRIS) dans une note publiée jeudi.
Partie d’une situation économique et budgétaire «excessivement favorable» avant la crise sanitaire, la province enregistre aujourd’hui un ratio dette/PIB d’environ 51%, soit près de 10% de plus qu’en mars, constate l’auteur principal de l’étude, Philippe Hurteau.
Le ministre des Finances, Eric Girard, s’était fixé en juin un objectif de redressement rapide de la situation économique de la province. Il souhaitait atteindre l’équilibre budgétaire «d’ici cinq ans», avait-il indiqué en marge d’une mise à jour économique.
«L’atteinte de cet objectif ne se fera pas au détriment des services publics ou par une hausse du fardeau fiscal des Québécois», avait ajouté l’élu de la Coalition avenir Québec (CAQ).
Suspendre les versements?
Excluant des politiques d’austérité et des hausses des obligations fiscales, Québec ne s’est laissé que très peu d’options, croit M. Hurteau, chercheur à l’IRIS. Il convient donc de «suspendre les versements au Fonds des générations», suggère-t-il.
Encadré par la loi, le Fonds des générations a un seul objectif: réduire la dette du Québec et le gouvernement y verse annuellement une partie de ses surplus.
Or, selon M. Hurteau, le gouvernement de François Legault bénéficierait de réduire de 50% et même de 100% les sommes versées au Fonds, du moins jusqu’en 2031.
La suspension totale des versements «en début de période (2021-2022) […] équivaudrait à libérer 2,4 G$ de marge de manœuvre pour les finances publiques et 4,2 G$ en 2030-2031», peut-on lire dans la note de l’IRIS.
«Chaque milliard qui est mis chaque année dans le Fonds, ce sont des milliards qui ne vont pas en santé, pas en éducation. On dit, présentement, en terme de priorités politiques, il semble beaucoup plus intelligent de suspendre ces versements pour financer les différents services à la population.» – Philippe Hurteau, chercheur à l’IRIS
Le ministre Girard a déjà pris la température de l’eau dans le dossier du Fonds. Récemment, il affirmait que les sommes versées vers le fonds étaient en fait des «surplus».
Pour affronter la pandémie, l’élu caquiste a d’ailleurs avancé qu’il ira piger dans la réserve de stabilisation du Fonds des générations.