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Transition verte: électrifier les transports ne suffira pas, dit l’IRIS

Une borne de recharge pour voitures électriques
Une borne de recharge pour voitures électriques Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors que la transition verte est sur toutes les lèvres, y compris au Québec, l’IRIS affirme que le gouvernement est en voie de rater ses objectifs. Pire: même ses actions les plus audacieuses en matière d’électrification des transports risquent d’être insuffisantes. Alors, quelles sont les pistes de solution? 

«Le gouvernement mise beaucoup sur l’électrification des transports, mais ne propose qu’une vision limitée et pas assez globale», indique à Métro Julia Posca, chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS)

Selon la coautrice d’une brochure sur une «transition écologique juste» publiée jeudi les voitures électriques ne règleront pas certains problèmes. Par exemple, l’étalement urbain et ses conséquences environnementales sur les milieux humides. 

Le gouvernement Legault préconise surtout le recours à des incitatifs financiers et une approche qui s’appuie sur «des mécanismes de marché». Il voit la transition «comme une occasion d’affaires pour le Québec», déplore l’Institut. 

GES: Québec rate sa cible pour 2020

L’autre défaillance du gouvernement caquiste, selon l’IRIS, est qu’il est en voie de rater ses cibles de réduction des émissions de GES, l’un de ses objectifs majeurs dans la transition verte. 

Alors qu’il visait une réduction de 20% entre 1990 et 2020, le Québec n’est qu’à 9% de réduction, indique Mme Posca. Qui plus est, le plan québécois de lutte contre les changements climatiques vise les 37,5% de réduction en 2030. 

«En plus, le gouvernement adopte des stratégies incohérentes. D’un côté, il incite à l’achat de voitures électriques. De l’autre, il finance des projets polluants comme GNL ou le 3e lien à Québec.»
-Julia Posca, chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques  

Notons au passage que la province produit presque deux fois plus de CO2 par habitant que la moyenne mondiale. 

Alors, quelles solutions?

Selon les chercheurs, il faudrait d’abord transformer la structure industrielle du Québec et changer le modèle économique capitaliste. 

La première priorité, selon eux, est d’initier ce qu’ils appellent une «transition écologique juste». Autrement, l’ensemble de la population (et les plus pauvres en premier) sera affectée par les changements climatiques et la détérioration des écosystèmes.

Par exemple, Québec pourrait établir des mécanismes d’allocation des capitaux qui s’appuient sur des critères d’utilité sociale et de viabilité écologique. Selon l’IRIS, cela pourrait vouloir dire de mobiliser différentes composantes du Mouvement Desjardins ou encore de revoir la mission de la Caisse de dépôt et placement du Québec. 

Dans la province, on dénombre 85 000 emplois dans les 10 industries les plus polluantes. Celles-ci pourraient s’effondrer, face à une baisse des investissements et de la demande, estime l’IRIS. 

Qui plus est, certaines régions du Québec, comme l’Abitibi et ses mines, dépendent d’une seule industrie, donc des cycles liés aux différents minerais exploités. 

«On a donc tout à gagner à adopter une démarche de diversification industrielle et économique. Ainsi qu’une stratégie ambitieuse pour ces travailleurs», explique la chercheuse. 

Finalement, l’IRIS préconise un contrôle public des ressources stratégiques, comme c’est le cas pour l’hydroélectricité. Donc, de laisser aux communautés autochtones la pleine souveraineté de la gestion des ressources sur leurs territoires. 

De façon générale, les salariés devraient être consultés concernant la prise de décisions des entreprises qui touchent leur quotidien, dit l’Institut. 

Pas de commentaire du ministre Charette

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoît Charette, ne commentera pas pour le moment. 

«Nous n’avons pas pris connaissance de la brochure. Nous sommes sur les derniers milles pour le lancement du Plan pour une économie verte, incluant notre stratégie pour la lutte contre les changements climatiques», a-t-il indiqué par le biais de son attachée de presse. 

Au moment d’écrire ces lignes, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, n’avait pas réagi. 

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