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Mise à jour économique: des années de déficit à cause du coronavirus

Le ministre des Finances, Eric Girard, convient que la pandémie de coronavirus a eu un important impact sur le déficit
Le ministre des Finances, Eric Girard Photo: Philippe Ruel/Collaboration spéciale

La pandémie de coronavirus continue de gruger le portefeuille de l’État québécois. Dans sa dernière mise à jour économique, Québec prévoit un déficit important jusqu’en 2023 et un retour à l’équilibre budgétaire dans cinq ans.

C’est ce qu’indique en gros le troisième portrait québécois des finances publiques en à peine huit mois. Le ministre des Finances Eric Girard en a présenté les grandes lignes, jeudi, à Québec, précisant que la province vit toujours dans «l’incertitude» économique.

Le gouvernement du Québec y prévoit d’importantes dépenses en santé et en aide aux entreprises. Et ce, même s’il ne s’attend à un vaccin qu’à la fin 2021.

Depuis juin, date de la dernière mise à jour, le gouvernement de François Legault a prévu 1,3 G$ dans le réseau de la santé pour combattre la pandémie de COVID-19. En juin, dans son dernier portrait des finances publiques, c’était 3,5 G$.

À l’avenir – soit dans les trois années à venir – Québec investira aussi 1,5 G$ pour relancer son économie, fragilisée par la COVID-19.

«C’est ainsi que nous fermerons l’écart de richesse avec le Canada.» – Eric Girard, ministre des Finances

Budget santé

Une part des nouvelles sommes en santé ont servi à affuter la stratégie de dépistage et une autre, au versement de salaires jusqu’en mars prochain. Le réseau de la santé comptabilise également une enveloppe de 2,2 G$ pour l’achat d’équipement médical, ce qui devrait lui permettre de maintenir ses réserves jusqu’en mars prochain.

Le gouvernement assure aussi avoir fait des «provisions» pour les années à venir.

«Celles-ci atteignent 4 milliards de dollars en 2020-2021, 3 milliards de dollars en 2021-2022 et 1 milliard de dollars en 2022-2023», précise le document de mise à jour.

Au total, Québec a de nouveau agrandi la taille du portefeuille en santé. Il est 16,6% plus grand qu’au budget de 2019-20. C’était 12,6% en juin.

Déficit

Le déficit prévu pour le prochain exercice reste stable, à 15 G$. En juin, Québec avait annoncé un déficit à venir «historique» de 14,9 G$.

Le retour à l’équilibre budgétaire se fera sur cinq ans, selon le ministère des Finances. Nouvelle information: le ministre Girard prévoit couper de moitié le déficit en 2021-22. Un plan de retour à l’équilibre budgétaire doit d’ailleurs être présenté aux Québécois au prochain budget printanier.

Sur le plan de la croissance économique, le ministère s’attend à voir la province emprunter le «sentier de la croissance dès 2021». Le Produit intérieur brut (PIB) réel, qui s’est abaissé de 6% depuis l’an dernier, devrait grimper de 5% l’an prochain, prédit Québec.

Les prévisions du ministère se basent sur un scénario d’arrivée du vaccin à la fin de l’année 2021. «Les chiffres que nous donnons aujourd’hui sont notre meilleure prévision. Et bien sûr, il y a la possibilité que ça aille mieux ou que ça aille moins bien», a indiqué le ministre Girard.

Doute dans les oppositions

L’opposition officielle à Québec a pris le nouveau mini-budget Girard avec perplexité. Pour le porte-parole libéral en matière d’économie, Carlos Leitão, les prévisions du ministre relèvent plus du monde des licornes.

«Il pense qu’on en est déjà sortis, et donc qu’au quatrième trimestre on va commencer le retour à la croissance et que ça va s’accélérer en 2021. J’espère que ça soit le cas, mais je trouve ça extrêmement jovialiste», a-t-il martelé.

À Québec solidaire, le député Vincent Marissal déplore «un effort minimaliste, même assez chiche».

«Il n’y a pas grand-chose de neuf sous le soleil dans cette mise à jour économique, de ce qu’on ne savait pas», a-t-il dit.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, s’inquiète particulièrement de l’importance accordée dans le mini-budget aux transferts fédéraux en santé. Québec compte négocier une augmentation de la part fédérale dans les dépenses en santé de 22% à 35%

«Tout ce plan, cette mise à jour économique repose en fait sur l’aide du fédéral, un transfert en santé qui est demandé par les provinces dans le contexte où la CAQ a une moyenne au bâton de zéro en 18 au niveau des demandes auprès du fédéral.» – Paul St-Pierre Plamondon

Troisième budget

M. Girard présentait jeudi son troisième portrait des finances publiques en huit mois. Au mois de mars, le gouvernement Legault avait déclaré l’état d’urgence sanitaire seulement trois jours après un budget particulièrement optimiste.

Puis la première vague de la pandémie a frappé au coeur de l’économie provinciale. En présentant son portrait économique en janvier, le ministre Girard avait maintenu que les Québécois ne doivent pas s’attendre ni à des coupes de services, ni à des hausses d’impôts.

Le discours demeure le même aujourd’hui.

C’est la saison budgétaire au Canada. En matinée, jeudi, la Ville de Montréal a présenté ses propres prévisions budgétaires. La semaine dernière, la province voisine de l’Ontario s’était prêtée à l’exercice.

Le fédéral prévoit sa propre mise à jour économique en novembre.

D’autres nouvelles sommes:

En plus de comptabiliser les dépenses effectuées dans les derniers mois et prévues pour les prochaines années, la mise à jour de jeudi dévoile de nouvelles enveloppes. En voici quelques-unes:

  • 300 M$ pour bonifier le Plan pour une économie verte qui sera présenté la semaine prochaine par le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.
  • 57 M$ pour aider les écoles à «pallier le manque d’espace et de personnel enseignant». Les mesures précises, à venir, toucheront 240 000 élèves du secondaire.
  • 40 millions de dollars sur deux ans pour mettre sur pied des chaînes d’approvisionnement, censées faire avancer la volonté du gouvernement d’encourager le commerce local.

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