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«Tolérance zéro» pour le racisme, dit le Groupe d’action gouvernemental

Le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, la ministre aux Relations internationales, Nadine Girault et le ministre aux Affaires autochtones, Ian Lafrenière ont présenté les recommandations du rapport du Groupe d’action sur le racisme. Photo: Josie Desmarais/Métro

Six mois après sa création, le Groupe d’action contre le racisme (GACR) du gouvernement du Québec dévoile une panoplie de recommandations touchant à l’emploi, à la sécurité publique, au logement et à l’éducation.

Le premier ministre François Legault avait mandaté le GACR pour qu’il identifie des actions efficaces et concrètes pour lutter contre le racisme, ciblant la sécurité publique, la justice, le milieu scolaire, le logement et l’emploi comme des secteurs prioritaires.

Le GACR est co-présidé par le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, et la ministre aux Relations internationales, Nadine Girault. Le ministre aux Affaires autochtones, Ian Lafrenière y est aussi, tout comme les députés Sylvie D’Amours, Denis Lamothe, Christopher Skeete et Isabelle Lecours.

Le «Groupe des sept» a consulté plus de 50 groupes et experts pour formuler ses recommandations.

L’une d’elles est de nommer un ministre responsable de la lutte contre le racisme. Cela assurerait la mise en place des actions et un suivi auprès des ministères et des organismes, a précisé Mme Girault.

Selon le directeur du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Fo Niemi, cette action est la plus prometteuse.

«C’est quelque chose de très concret et porteur de résultats, a-t-il dit. Mais là encore, il faut voir quel pouvoir, quelles ressources et quels moyens ce ministre-là va avoir.»

Fin des interpellations aléatoires

Tout d’abord, l’action prioritaire proposée par le groupe d’action est de mettre fin aux interpellations policières aléatoires sans fondement.

«Afin d’améliorer les relations entre les policiers et les citoyens, le groupe souhaite interdire toute interpellation fondée sur la race, la couleur, l’origine ethnique ou nationale, la religion et la condition sociale», a déclaré Lionel Carmant.

Les forces de l’ordre devront informer le citoyen du motif au moment de l’interpellation. «Cette mesure permettra de réduire considérablement, voire éliminer, le profilage racial», a ajouté M. Carmant.

De plus, le groupe souhaite ajouter des intervenants des services sociaux aux corps policiers.

Reconnaissance des qualifications

Afin de réduire le taux de chômage au sein de certaines minorités, le GACR recommande de négocier et de conclure d’ici cinq ans des ententes internationales en matière de reconnaissance des qualifications professionnelles.

«L’intégration dans la société passe par un emploi correspondant à sa compétence et à ses capacités», a souligné Nadine Girault.

Le GACR veut rendre l’évaluation des compétences par les ordres professionnels plus rapides et plus flexibles pour les immigrants concernés par ces arrangements.

En outre, le groupe d’action souhaite augmenter, d’ici cinq ans, le taux de présence des membres de minorités visibles au sein de la fonction publique. L’objectif est qu’il soit représentatif de celui observé au sein de la société québécoise.

Toujours d’ici cinq ans, le GACR veut garantir la présence d’au moins un membre d’une minorité visible au sein de la majorité des conseils d’administration des sociétés d’État.

Éducation et logement

Par ailleurs, Québec compte profiter de la réforme du cours d’Éthique et culture religieuse (ECR), à compter de 2022, pour aborder l’enjeu du racisme.

En matière de logement, le GACR veut mettre fin à la discrimination basée sur la race. Pour ce faire, il recommande de renforcer les guichets de gestion de plaintes, en informant mieux le public au sujet des systèmes de plaintes et en renseignant les locateurs sur les enjeux relatifs à la discrimination.

Certaines recommandations du GACR sont adaptées aux réalités autochtones, a indiqué Ian Lafreniere.

En effet, le personnel de la fonction publique recevra une formation obligatoire spécifique aux enjeux autochtones, a-t-il expliqué.

Un autre exemple du traitement particulier réservé aux Premières Nations et aux Inuits est la mise à jour des notions concernant l’histoire autochtone et son héritage dans le cursus scolaire.

Pas de racisme systémique

Avant même le dépôt du rapport, François Legault avait exclu la possibilité d’y reconnaître une forme de racisme systémique au Québec.

Questionnés à ce sujet, les co-présidents ont dit présenter des «actions concrètes» plutôt que de faire un «débat sémantique».

«Quelle que soit la façon dont on qualifie le racisme, en bout de piste, quand on parle du concret, ça retombe toujours sur les mêmes actions et sur les mêmes secteurs. C’est ça qu’on veut faire. On veut mettre ces actions en place pour vraiment faire bouger les choses», a déclaré Nadine Girault.

Selon Fo Niemi, cela remet en question la crédibilité du rapport. «On dit qu’il n’y a pas de consensus ou de définitions claires du concept de racisme systémique, ce qui est carrément faux», fait-il valoir.

«Nous avons déjà toutes les lois, toutes les mesures et les politiques possibles pour contrer la discrimination. Le problème, c’est qu’elles ne sont pas appliquées et personne n’est tenu responsable», déclare M. Niemi.

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