Santé: les provinces réclament à nouveau un réinvestissement du fédéral
Les premiers ministres des provinces et des territoires du Canada ont réclamé une nouvelle fois un réinvestissement du gouvernement fédéral dans les transferts en santé, en marge du Conseil de la fédération. Les contributions actuelles sont jugées inadaptées.
Les provinces, avec le Québec en tête, répètent ainsi leur demande d’augmenter de 28 G$ les transferts fédéraux en santé dans le budget 2021, qui sera présenté dans quelques semaines. Les différentes provinces estiment qu’il existe une iniquité entre les contributions fédérales et la situation des systèmes de santé actuelle.
«La proportion des dépenses de santé supportées par le fédéral baisse, on en est à 22%. On veut un rééquilibrage à 35%», a dit M. Legault lors d’un point de presse commun. Cet équilibrage se traduit par une réclamation de 28 Mds$ des transferts de santé par an.
M. Legault avait fait cette demande une première fois en septembre, en compagnie de ses homologues de l’Ontario, de l’Alberta et du Manitoba. Ceux-ci espéraient une entente à l’approche de la mise à jour économique déposée en novembre, sans succès.
«C’est une demande importante à M. Trudeau, on souhaite une augmentation des transferts de santé sans conditions. Il est important de ne pas centraliser et créer des problèmes dans la gestion de la santé provinciale.» – François Legault, Premier ministre du Québec
François Legault explique que les coûts en santé augmentent de 5% par an et la contribution fédérale seulement de 3%. «Chaque année, cette disparité augmente, il y a un problème d’équité. La prise en charge des coûts des soins est de 78% par les provinces et seulement 22% du fédéral, il faut équilibrer. »
François Legault indique qu’il y a urgence à agir. « Actuellement, les provinces et territoires ont des problèmes pour financer les soins de santé et cela s’est empiré avec la pandémie. On pense que la solution passe par une augmentation de ces transferts en santé sans conditions. »
L’hôte de cette conférence de presse était M.Legault en sa qualité de président du Conseil de la fédération. Il était accompagné virtuellement par les premiers ministres Doug Ford de l’Ontario, Jason Kenney de l’Alberta, Brian Pallister du Manitoba, John Horgan de la Colombie Britannique, Blaine Higgs du Nouveau-Brunswick et Scott Moe de la Saskatchewan.
Divergences avec Justin Trudeau
Les premiers ministres ne sont pas d’accord avec la position de M. Trudeau concernant des transferts conditionnels : « On pense que ça ne respecte pas les champs de compétences des provinces et territoires. Il est important de ne pas centraliser et créer des problèmes de gestion dans la fédération canadienne. »
« Le gouvernement fédéral ne participe pas assez, l’occasion lui est donnée dans le prochain budget » – Jason Kenney, Premier ministre de l’Alberta. « Il est temps d’agir » – ajoute François Legault
Ils désapprouvent aussi les différentes annonces de M. Trudeau, ces derniers mois, sur le fait qu’il veut s’occuper d’abord de la pandémie puis des systèmes de santé. « Nous sommes unis ici pour préserver nos systèmes de santé, nous devons nous attaquer à ce problème dès ce budget fédéral. Si c’est le cas, tous les Canadiens en seront reconnaissants », John Horgan, Premier ministre de la Colombie Britannique.
Front commun contre le vote du budget ?
Dans la mesure où le gouvernement fédéral ne prendrait pas en compte les demandes des provinces et territoires dans le prochain budget fédéral, les provinces ont prévu de réitérer leur demande encore et encore. Pour l’instant, aucune stratégie politique n’est prévue pour refuser le budget mais M. Legault a consulté les partis d’oppositions. Le Bloc québécois et le NPD sont prêts à voter contre tandis que le Parti conservateur y réfléchit.
Des problèmes à régler partout
Le premier ministre du Québec prend comme exemple les investissements de 500 millions pour embaucher du personnel en CHSLD et l’augmentation de 8000 préposées aux bénéficiaires dans la province. Il se demande comment ces postes seront financés si les transferts de santé n’augmentent pas.
Chacun des premiers ministres ont illustré ces problèmes de gestion de santé avec des exemples concrets, un cancer du sein découvert tardivement, des retards dans les chirurgies, des manques d’infirmières en Ontario ou une population très vieillissante en Atlantique. Tous s’accordent pour réclamer une nouvelle politique.