Justice: Québec veut «des services par et pour les Autochtones»
Québec veut en finir avec les «violences» ressenties par les membres des Premières Nations dans le système de justice provincial. Le gouvernement de François Legault investit 19 M$ dans le soutien juridique aux Autochtones, une annonce qui répond directement à la Commission Viens selon le ministre responsable, Ian Lafrenière.
Séparée en trois volets, cette bourse servira notamment à embaucher des travailleurs et des juristes autochtones. Une part des sommes aboutira aussi entre les mains d’organismes parajudiciaires spécialisés dans les affaires autochtones.
Par ailleurs, Québec compte investir le quart des 19 M$ dans l’«amélioration et le déploiement» de services d’interprétariat dans le système de justice.
Selon Ian Lafrenière, ces sommes permettront d’«assurer que le système de justice n’est pas une source de violences supplémentaires» pour les Premières Nations et les Inuits. Elles répondent par ailleurs à plusieurs appels à l’action, a-t-il maintenu vendredi, lui qui annonçait ces nouveaux investissements en compagnie du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette.
«C’est une autre réponse directe à la Commission Viens [sur les relations entre les autochtones et certains services publics], à l'[Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées] et au rapport du Groupe d’action contre le racisme [GACR]», a-t-il indiqué.
L’hiver dernier, le GACR, dont M. Lafrenière était membre, rendait son rapport final public. Celui-ci comporte trois recommandations pour «améliorer l’accès à la justice» pour les Autochtones.
Les annonces continueront de venir, soutient le ministre responsable. Depuis son entrée en poste, l’automne dernier, M. Lafrenière a annoncé le tiers des sommes du plan de 200 M$ qu’il souhaite compléter d’ici la fin du mandat caquiste.
Le Principe de Joyce à l’agenda
Vendredi, devant les médias, les représentants du gouvernement Legault ont de nouveau dû répondre de leur décision de rejeter le Principe de Joyce.
Élaboré par les membres de la Nation atikamekw à la suite de la mort tragique de Joyce Echaquan, il y a plus de cinq mois, celui-ci vise à «garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé».
Le Principe de Joyce n’a pas obtenu l’aval du gouvernement du Québec, malgré un processus de consultations auprès des Atikamekw. Vendredi, Manawan, communauté d’origine de Joyce Echaquan, faisait entendre ses intentions de s’adresser aux Nations Unies afin d’obtenir réparation pour la réponse gouvernementale.
Québec maintient la ligne dure: le Principe de Joyce ne sera pas adopté en tout et pour tout.
«Ça ne nous empêche pas de mettre en place des points importants du Principe. La semaine dernière, on est venus annoncer des gestes concrets pour la sécurisation culturelle à l’Hôpital de Joliette», a martelé M. Lafrenière.