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Avion ukrainien abattu: le rapport de l’Iran est «incomplet», selon le BST

Les débris du vol 752 en Iran. Les autorités françaises pourraient recevoir les boîtes noires bientôt.
Les débris du vol 752 en Iran. Photo: Akbar Tavakoli/IRNA/AFP

Le rapport final de l’Iran portant sur la destruction du vol 752 d’Ukraine International Airlines par Téhéran est «incomplet», selon le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST).

Le mystère plane donc toujours sur les facteurs ayant mené à la destruction par la défense anti-aérienne iranienne du Boeing 737 NG effectuant le vol PS752 d’Ukraine International Airlines le 8 janvier 2020.

Les 176 passagers à bord du vol ont péri dans la tragédie aérienne. Parmi eux, on comptait sept Québécois, dont six Montréalais.

Le BST a dévoilé ses commentaires sur le rapport final du Bureau d’enquête sur les accidents d’aviation (AAIB) de la République islamique d’Iran lors d’un point de presse jeudi matin.

S’il devait faire la lumière sur les causes de l’écrasement, le rapport final «soulève beaucoup plus de questions qu’il n’apporte de réponses malheureusement», a résumé la directrice des enquêtes du secteur aérien du BST, Natacha Van Themsche.

En effet, le rapport revient sur ce qui s’est produit sans détailler les facteurs sous-jacents à l’origine du lancement des missiles vers le vol PS752, a-t-elle indiqué. Or, les raisons derrière l’écrasement sont «clefs» pour identifier les mesures pour prévenir un tel accident dans le futur.

Manque de détails et de preuves dans le rapport

Le rapport final de l’Iran conclut que le vol a été abattu parce qu’une unité de défense aérienne à pris l’avion pour une menace. Cette erreur aurait été causée par un mauvais alignement du radar du lance-missile.

De plus, l’opérateur n’avait pas reçu des officiers supérieurs l’autorisation de tirer comme il l’aurait dû. «Jusqu’à maintenant, l’Iran n’a produit aucune preuve pour appuyer ce scénario. Il s’agit toutefois d’une explication plausible de ce qui s’est produit», a souligné Natacha Van Themsche.

Par ailleurs, le rapport est «incomplet» puisqu’il ne fournit pas d’informations détaillées sur la façon dont le mauvais alignement s’est produit ni sur les mesures prises pour s’assurer qu’il est convenablement calibré, a-t-elle ajouté.

On n’y retrouve aucune information sur la formation, l’expérience et la compétence de l’opérateur du lance-missile ou sur les raisons ou les manières dont les communications requises avec le commandement central n’ont pas été respectées ou n’ont pas été effectuées.

«Le rapport présente cette action dans le contexte d’un état d’alerte militaire accru, mais n’aborde pas la question de la supervision des opérations sur le terrain.» – Natacha Van Themsche, directrice des enquêtes du secteur aérien du BST

Le AAIB dit que les activités militaires n’entrent pas dans la portée d’une enquête en vertu de l’annexe 13, ce à quoi le BST s’oppose.

Aucune mesure prise pour cerner les lacunes?

En outre, le BST déplore le fait que le rapport n’aborde pas non plus les mesures prises depuis l’évènement pour cerner les lacunes de sécurité sous-jacentes qui ont engendré l’erreur ni les mesures de sécurité prises pour empêcher qu’elle ne se reproduise.

«Sans cette information, comment le milieu de l’aviation civile internationale peut-il être assuré qu’une erreur aussi tragique ne puisse se reproduire?», demande Natacha Van Themsche.

Le BST reproche à l’Iran de ne pas avoir fermé complètement son espace aérien aux aéronefs civils.

Finalement, le rapport n’explique «qu’en partie» pourquoi l’espace aérien est resté ouvert et pourquoi les exploitants ont poursuivi leurs activités après que l’Iran eut lancé des missiles vers l’Iraq.

Sept victimes québécoises

Les Montréalais Siavash Ghafouri-Azar, Sara Mamani, Aida Farzaneh, Arvin Morattab, Shahab Raana et Sahand Mostaghim Hafeti, ainsi que le Sherbrookois Mohammad Moeini ont perdu la vie dans la tragédie aérienne.

Comment rendre justice à leurs proches maintenant que cette enquête sur la sécurité est terminée? «Le BST est résolu à faire la promotion de l’examen des dispositions de l’annexe 13 de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en vue d’améliorer la crédibilité et la transparence des futures enquêtes de sécurité de ce type», indique Mme Van Themsche.

Les conclusions du rapport ont aussi été rejetées par le gouvernement du Canada et celui de l’Ukraine.

Le rapport du Canada sera rendu public dans les semaines à venir, ont fait savoir le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, et le ministre des Transports, Omar Alghabra, dans une déclaration commune mercredi.

Ottawa a par ailleurs désigné le 8 janvier comme la Journée nationale de commémoration des victimes de catastrophes aériennes.

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