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Violences sexuelles dans les écoles: des recommandations pour la future loi-cadre

Photo: 123RF

Un groupe de jeunes femmes âgées de 15 à 20 ans ainsi que des intervenants appuyés par le Mouvement Écoles Sans Violence Sexuelles (MESVS) et la Fondation canadienne des femmes (FCF) ont présenté leurs recommandations en vue de la création future d’une loi-cadre pour prévenir les violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires de la province.

La diffusion de leurs recommandations suit de près l’adoption à l’unanimité, par l’Assemblée nationale, de la motion présentée par la députée de Marie-Victorin, Catherine Fournier, le 9 mars dernier.

La motion ouvre la porte à la création d’une loi-cadre pour prévenir les violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires.

En ce moment, l’absence de protocoles adaptés tant pour recevoir les plaintes que pour accompagner les victimes ou encore pour documenter les agressions relègue la réalité des violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires au statut de préoccupation marginale.

Une loi assurerait donc la mise en place de protocoles et de bonnes mesures afin de fournir de l’aide aux élèves et de prévenir les violences avant qu’elles ne surviennent.

Recommandations

En conférence de presse jeudi, des jeunes et des intervenants ont formulé cinq demandes concernant la future loi-cadre.

Dans un premier temps, ils recommandent d’instaurer des protocoles et espaces sécuritaires pour faciliter la démarche de dénonciation.

Ils demandent aussi la tenue d’actions d’éducation, de sensibilisation et de prévention auprès des jeunes. Ces activités devraient être données par des organismes et personnes spécialistes en la matière.

Ensuite, les jeunes souhaitent implanter des mesures de suivi à long terme pour accompagner les victimes dans leur cheminement vers le rétablissement.

Selon eux, des actions auprès des agresseurs devraient aussi être prises pour leur faire prendre la pleine mesure des impacts destructeurs de leur geste et pour prévenir les récidives.

Finalement, ils proposent la création d’une formation obligatoire auprès du personnel des écoles pour les guider sur les comportements à adopter, les gestes à poser, les facteurs de risques, etc.

La lutte de 13 jeunes filles

Depuis quatre ans, un regroupement de 13 jeunes filles montréalaises âgées entre 15 et 20 ans mène une lutte contre les violences sexuelles en milieu scolaire.

Elles portent comme revendication l’adoption d’une loi-cadre, dans le but, notamment, d’établir un protocole d’intervention spécifique et uniforme contre les violences à caractère sexuel dans les établissements scolaires primaires et secondaires.

Josianne, une des jeunes membres du regroupement, s’est dite soulagée de voir Catherine Fournier présenter une motion en ce sens. «On a pleuré de joie, on était tellement heureuses de voir qu’enfin quelqu’un nous entend et nous aide à bâtir ce projet de loi sur lequel on a si longtemps travaillé», a-t-elle affirmé.

Cette nouvelle étape la motive à rester mobilisée pour tous les jeunes du Québec. «L’école, c’est notre deuxième maison, a-t-elle ajouté. C’est important que ça reste un endroit sécuritaire pour les élèves, qu’on prenne ce sujet très au sérieux et qu’on brise le silence.»

Selon la fondatrice du mouvement Québec contre les violences sexuelles, Mélanie Lemay, la création d’une loi est primordiale.

«Ça fait en sorte que, d’une façon générale, on va toujours s’assurer de mettre en place des mécanismes clairs qui permettent de responsabiliser non seulement les gens qui commettent ces gestes là, mais surtout les témoins et les gens qui ont à vivre avec les répercussions des agressions qu’ils subissent au quotidien», a-t-elle déclaré.

Un enjeu bien réel

Selon Josianne, les élèves vivent des situations de violences sexuelles tous les jours. «Ça existe, c’est là. C’est juste qu’on les ignore», a-t-elle déploré.

En effet, selon un groupe de discussion mené auprès de jeunes de 12 à 17 ans et publié en 2019 par l’organisme Prévention CDN-NDG, près de trois filles sur cinq disent avoir déjà été touchées ou agrippées de manière sexuelle sans leur consentement.

De plus, 83% des participantes considèrent que le harcèlement sexuel est un problème dans leur école.

Clorianne Augustin, l’intervenante jeunesse qui accompagne le regroupement, considère qu’il est de la responsabilité de tous de protéger les jeunes contre les violences sexuelles dans les écoles primaires et secondaires. «Ce que je souhaite, c’est qu’à l’avenir, aucun de ces jeunes n’aura à se dévoiler publiquement pour demander à être protégée», a-t-elle ajouté.

Selon Catherine Fournier, il est temps de reconnaître que l’enjeu des violences sexuelles en milieu scolaire ne se limite pas qu’aux cégeps et aux universités.

«Il est essentiel que le Québec se dote, dès que possible, de mécanismes pour non seulement mieux accompagner les jeunes victimes, mais aussi pour mettre en place des façons de faire qui permettront de réduire à la source ces violences», a-t-elle souligné.

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