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Les racines du Sommet

Le Sommet sur l’enseignement supérieur s’est finalement tenu. Pour le meilleur, puisqu’on s’attendait surtout au pire. Dans un exercice de rhétorique sans précédent – les péquistes sont les champions incontestés dans le domaine –, on a même annoncé que les frais de scolarité des universitaires ne seraient pas augmentés… mais plutôt indexés. B-r-a-v-o. Tout est dans la nuance. Mais pas dans la subtilité, faut croire…

Au final, on a aussi procédé à la mise en place de chantiers touchant diverses problématiques qui se tiendront sur des termes plutôt courts. Malgré toutes les bonnes intentions qui se cachent derrière ces entreprises – on n’en doute pas une microseconde –, il y a là une démonstration parfaite du type de gestion de boîte de plasters qui caractérise notre système scolaire depuis longtemps.

À chaque tentative, l’exploration de ces pistes de solution tient du «en attendant». C’est exactement ça le problème, ici. Quand il est question d’éducation, tout est fait en attendant. En attendant quoi? La réponse est pourtant tellement claire. S’il nous reste encore deux onces d’autocritique dans le domaine, il serait grandement temps de déclarer officiellement la faillite de ce système qui pique du nez depuis si longtemps. Mais quel gouvernement voudra être le premier à le reconnaître en confirmant ce qui est évident depuis longtemps?

Le problème de l’enseignement au Québec dépasse, et de loin, l’enseignement supérieur et tout le tralala administratif des universités. En fait, il le précède. En commençant par l’idée que l’on s’est faite d’une école efficace et rentable. En gros, ce qu’il nous faut, c’est une école qui réponde au besoin de notre société et non pas le contraire. C’est quand on a commencé à vouloir s’ajuster à ce que l’on croyait être les besoins de l’école que l’on a tout échappé. Il faut absolument remettre le cadran à zéro, on n’a même aucune autre alternative.

Il faut, et le plus tôt sera le mieux, remettre de l’avant le concept d’une école qui est un milieu de vie transitoire et qui a comme but principal la transmission du savoir. Pas plus compliqué que ça. En misant sur l’apprentissage des trois éléments de base (lire, écrire et compter) plutôt que de développer ces fameuses compétences transversales avec lesquelles on nous a tant cassé la nénette. Une école qui favorisera autant l’épanouissement des jeunes garçons que des jeunes filles. Qui redonnera aux enseignants toute la latitude nécessaire et tout le respect qui leur est dû pour qu’ils puissent accomplir leur tâche correctement.

Et tout ça peut prendre combien de temps à réaliser? Disons que, si on commence le travail dès la semaine prochaine, parlons d’un bail qui devrait durer au moins 20 ans. Pas jojo comme délai, mais pour faire table rase, pour se débarrasser de ces trop nombreux fonctionnaires qui ont été contaminés à grands coups de réformes et de refontes stériles, ça prendra au moins une génération complète.

Ce n’est pas en taillant quelques branches et en ramassant les feuilles tombées autour d’un arbre malade que l’on règle son problème. Faut le déraciner et en planter un nouveau juste à côté. Ensuite, et il est là le défi, il faut avoir la patience de le regarder pousser en s’organisant pour que son tronc demeure bien droit et bien solide. Et pour ça, désolé, il n’existe pas d’accélérant.

On n’en sort pas, il faut toujours prendre le temps de bien faire les choses. Et surtout, avoir le courage de recommencer à zéro quand tout va tout croche. Le véritable prix à payer pour une éducation de qualité, ça sera celui-là.

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À souligner : la sortie de Punkt, de Pierre Lapointe, et de Chic de ville, de Daniel Bélanger. Deux œuvres absolument brillantes proposées par deux artistes pas particulièrement doués pour le compromis. C’est comme ça qu’on les aime.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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