Des non-vaccinés encore plus déterminés
Passeport vaccinal dans les magasins à grande surface, dans les SAQ et SQDC, ou contribution santé: malgré ces mesures sanitaires, des non-vaccinés sont déterminés à ne jamais tendre le bras. Bien au contraire, le désir du gouvernement de les contraindre leur fait remettre en question leur désir de rester dans la province, ou même de conserver leur emploi.
Le gouvernement, qui a annoncé un plan pour vacciner les Québécois qui hésitent toujours, aura fort à faire pour convaincre les non-vaccinés les plus déterminés. L’ajout de nouvelles mesures sanitaires ne fait qu’augmenter la grogne de Jennifer*, une étudiante en joaillerie de 32 ans. Lorsqu’elle aura fini ses cours, elle songe à quitter la province pour s’établir au Mexique. «Je trouve ça complètement ridicule ce qui se passe», réagit-elle.
J’aime le Québec, j’aime ma province, mais on n’a plus du tout les mêmes idéologies.
Jennifer
Jennifer ne s’oppose pas aux vaccins. Par contre, elle considère que l’élaboration de celui contre la COVID-19 a été «précipitée». Elle a même contracté la maladie au début de la pandémie. Lorsque le vaccin a été rendu disponible, elle ne sentait pas le besoin d’être inoculée. Plus le gouvernement a fait la promotion du vaccin, plus son scepticisme s’est accru.
«Je me suis mise à me poser plein de questions, explique-t-elle. On n’en sait pas assez par rapport au vaccin. Je ne suis pas à l’aise de me mettre quelque chose dans le corps dont on ne connaît pas encore les effets à long terme.» Même si la vaccination en venait à devenir obligatoire au Québec, Jennifer refuserait le vaccin. «Il faudrait me prendre de force», insiste-t-elle.
Dilemme familial
Karine*, qui réside en Mauricie, abonde dans le même sens: pas question qu’elle ou que ses enfants se fassent vacciner. Sa fille de 14 ans ressent beaucoup de pression à l’école pour recevoir le vaccin, et elle s’ennuie de pratiquer ses activités favorites, comme la planche à neige.
«Elle dit qu’elle fait une dépression, indique Karine. Elle m’en veut parce qu’elle se sent isolée. C’est difficile parce que je veux qu’elle aille bien, mais je dois être une bonne mère. On ne connaît pas les conséquences à long terme que peuvent avoir les vaccins.» La famille songe à déménager en Alberta au cours de la saison estivale. «Pour une fille de 14 ans, ce n’est pas évident de déménager. Mais à long terme, elle réalisera qu’elle pourra faire plus de choses.»
J’ai une écoeurantite du Québec.
Karine
Karine dit s’être informée quant aux bienfaits et aux inconvénients des vaccins. Selon elle, on informe les Québécois que des effets positifs et pas assez de ses effets néfastes. «Pourquoi je m’injecterais quelque chose sans avoir les informations au complet des effets possibles? Les grosses compagnies pharmaceutiques font de l’argent avec ça, on n’est que du bétail pour elles», se questionne-t-elle.
Malgré les contraintes qu’on lui impose, sa position reste intacte. «La taxe aux non-vaccinés, c’est une vraie farce. Je n’occupe pas de lit d’hôpital. Si ça m’arrive, je paierai, mais ce n’est pas comme si c’était le cas», considère-t-elle.
Je suis découragée de l’humain en ce moment, des gens qui appuient des mesures comme celles-là.
Karine
En tant que technicienne scolaire, l’une des tâches de Karine est, paradoxalement, d’inscrire les informations de vaccination des élèves dans un système informatique. La plupart de ses collègues ignorent son statut vaccinal. «Je me tais, je vis en silence. Parfois je recule des conversations, parce qu’en tant que non-vaccinée, on ne s’en sort pas.»
Préjugés ressentis au travail
Le statut vaccinal de Marilyn* crée aussi des tensions dans son environnement de travail. Au bloc opératoire d’un hôpital de Montréal dans lequel elle travaille, l’infirmière est l’une des quatre employées sur 180 à ne pas être vaccinée. Dans le milieu, la pression est forte sur les non-vaccinés, même les plus déterminés. Plusieurs de ses collègues ont cédé, mais pour Marilyn, l’inoculation n’est pas une option.
Lorsque la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé a été annoncée, Marilyn était décidée: elle allait démissionner. «Ça a créé un froid dans ma famille, raconte-t-elle. Ça me faisait de la peine, profondément.»
J’ai mis du temps, de l’argent dans ma profession, mais le respect de mes valeurs reste la priorité.
Marilyn
La vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé a finalement été abandonnée. Mais l’intention du gouvernement a amené Marilyn à se questionner sur son avenir en tant qu’infirmière. «J’ai envie de continuer, mais jusqu’à quel prix? Je vais penser à aller au privé avant, je regarde mes options. Ce n’est pas facile de mettre une croix sur sa job de rêve.»
«On est en pénurie de main-d’œuvre. On est passé des anges gardiens vénérés à ceux à qui on veut enlever le permis de travail. C’est un autre non-sens que le gouvernement pousse», fustige-t-elle.
*Des prénoms fictifs ont été donnés aux intervenantes pour assurer leur anonymat.