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Du Québec à l’Ukraine: le dernier coup de téléphone avant les bombes

La famille de Volodymyr et Valentyna, présentement cachée dans les abris anti-bombe. Ils attendent l’occasion de pouvoir fuir vers la Pologne. Photo: Photo gracieuseté

Quelque dix heures après les premiers bombardements russes sur l’Ukraine, Valentyna Minenko et Volodymyr Levchenko, originaires de la capitale Kyiv et citoyens de l’île d’Orléans depuis une dizaine d’années, sont rivés sur les nouvelles en direct et ne dorment pas.

Selon eux, les Ukrainiens sont sur le qui-vive et en attente d’une attaque depuis près de deux mois. À 5h ce matin, Volodymyr Levchenko était au téléphone avec sa famille qui n’entendait pas encore les bombardements. Dix minutes après leur appel, les bombes tombaient finalement non loin d’eux puisque les aéroports et les cibles militaires sont dans la ville même. Il y a donc des pertes de vies civiles déjà.

«Nos familles sont dans Kyiv la capitale qui a eu des bombardements aujourd’hui. C’est de la propagande russe que de dire que ça se passe au Donbass. Toutes les villes et toutes les frontières de l’Ukraine russe et bélarusse sont attaquées par l’armée russe présentement sur une longueur de près de 3000 km. Au moins quatre villes avec plus d’un million d’habitants sont bombardées de roquettes balistiques et il y a des attaques terrestres en même temps. Les combattants sont sortis de la ville pour défendre les frontières avec des chars d’assaut et tout l’équipement militaire. Tout est bloqué partout. L’armée ukrainienne protège aussi Tchernobyl, où ont lieu présentement des combats, à 2h de Kyiv», explique Volodymyr, visiblement inquiet.

Volodymyr Levchenko et Valentyna Minenko.

Selon lui, les Ukrainiens pro-russes sont extrêmement rares. «Même ma mère qui est Russe, née à Moscou, fille de fonctionnaire russe et du communisme, et qui habite l’Ukraine depuis longtemps sans en parler la langue, est contre la Russie et ne comprend pas que [Vladimir] Poutine puisse nous attaquer comme ça! Il n’y a pas de rebelles ukrainiens ni de guerre civile. C’est la propagande russe, financée par l’argent de Moscou, qui invente ces histoires pour justifier la guerre.»

Selon lui, l’armée russe a toujours été présente au Donbass, en Ukraine et en Crimée depuis les huit dernières années. La seule différence aujourd’hui ce sont les forces armées actives qui se sont ajoutées.

«Poutine ne reconnait pas la nation ukrainienne, il veut refaire l’Union soviétique. Il crache au visage des Ukrainiens. Son but, ce n’est pas seulement l’Ukraine, ce sont toutes les républiques qui faisaient anciennement partie de l’Union soviétique», croit-il.

Les habitants et leurs enfants sont présentement cachés dans les tunnels de métro et les abris anti-bombes puisqu’à Kyiv ce sont des immeubles de quatre étages à peu près partout. C’est actuellement impossible de sortir de la ville et de fuir vers la Pologne puisque les routes sont bloquées par le trafic trop important de gens qui tentent de partir.

«Je suis incapable de joindre mon frère qui habite juste en dehors de Kyiv. Probablement que son cellulaire ne fonctionne pas parce qu’il est caché dans le métro.»

Les gens sont près des combats. «L’un de mes fournisseurs est à 50 km des frontières à l’est de l’Ukraine et il dit qu’ils font les combats et brulent des chars d’assaut russes. C’est la vraie guerre, je pense que les gens ne comprennent pas à quel point! Dans quelques jours, ce sera une crise humanitaire quand le manque de nourriture se fera sentir. Ils étaient prêts, mais ce n’est pas la vie normale, donc les ressources finiront par manquer.»

Les hélicoptères et les avions militaires survolent la zone. Volodymyr s’attend à ce que l’armée russe essaie éventuellement de capturer des membres du gouvernement ukrainiens.

Selon lui, l’armée ukrainienne peut tenir tête à l’armée russe pendant peut-être quelques semaines, mais il croit que sans l’aide militaire des pays de l’OTAN, Poutine étendra encore son emprise. Sa femme et lui ne savent pas à quoi s’attendre pour les prochains jours. «L’OTAN, les États-Unis, l’Europe doivent prendre des mesures plus sévères. Ils doivent comprendre que si Poutine gagne cette guerre, il ne s’arrêtera pas là. S’ils ne prennent pas les armes à la défense de l’Ukraine, ce ne sera pas assez. La population russe ailleurs dans le monde doit faire pression sur la Russie pour que ça s’arrête. Observer sans agir, ce ne sera pas assez. Les sanctions économiques, c’est important, mais elles doivent être assez fortes pour obliger les Russes à changer le dictateur à la tête de leur pays.»

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