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Plus de formation en français demandée pour les travailleurs anglos face à la pénurie

Les cours de français pour les travailleurs de professions réglementées seraient insuffisants selon un organisme anglophone.
Les cours de français pour les travailleurs de professions réglementées seraient insuffisants selon un organisme anglophone. Photo: iStock, damircudic

Dans un rapport publié ce lundi, un organisme représentant des employeurs et travailleurs anglophones du Québec demande au gouvernement du Québec de renforcer le soutien en français pour ces derniers dans les professions réglementées par les ordres professionnels.

Cet organisme sans but lucratif sous le nom de Table ronde provinciale sur l’emploi (PERT) est mandaté et financé par le Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise. Il a pour but de relayer auprès du gouvernement les revendications politiques des travailleurs anglophones du Québec.

Il demande au gouvernement d’accorder aux ordres professionnels les ressources nécessaires pour qu’ils puissent offrir davantage de soutien linguistique en français à leurs candidat·e·s et membres. D’autant qu’avec la Loi 96, «la demande de cours en français va augmenter», selon le directeur de l’engagement et des communications.

Il n’existe actuellement aucune approche globale pour soutenir les Québécois qui sont professionnellement qualifiés pour exercer leurs professions respectives, mais qui doivent améliorer leur maîtrise du français.

Nicholas Salter, directeur général de la PERT

«Nous craignons que cela n’exacerbe davantage la pénurie actuelle de main-d’œuvre», indique-t-il dans un communiqué de presse. C’est notamment le cas dans les domaines de la santé et de l’assistance sociale, qui comptent 37 120 postes vacants. Ces professions sont justement encadrées par de nombreux ordres professionnels.

Selon la PERT, l’examen de l’Office québécois de la langue française (OQLF) représente un premier frein pour les allophones et anglophones à intégrer les ordres professionnels. En outre, seuls 14 cours préparatoires existeraient à l’échelle du Québec.

«Ça représente un obstacle à certains individus qualifiés, mais qui ont des difficultés avec le français», analyse Chad Walcott, directeur de l’engagement et des communications à la PERT, en entrevue avec Métro. D’autant plus en région, où ses formations sont moins accessibles qu’à Montréal.

Il y aurait en outre «un manque de programmes de transition qui permettent aux professionnels de travailler dans leur profession tout en recevant la formation en français nécessaire pour passer l’examen de langue française de l’OQLF», selon le rapport de la PERT.

Des formations en français gratuites

«On demande de bonifier ces services [de formation en français]. Il faut plus investir dans l’accès à ces programmes», estime Chad Walcott. La PERT a donc formulé 10 recommandations «afin de mieux soutenir [les apprenants du français] dans leur capacité à obtenir et à conserver leurs certifications professionnelles».

L’une d’entre elles serait d’offrir des formations en français gratuites et multiniveaux à toute personne souhaitant exercer une profession réglementée au Québec. La PERT voudrait élargir l’admissibilité aux programmes d’apprentissage du français et «universaliser l’accès aux programmes d’aide financière» pour intégrer ces cours.

«Il y a une inquiétude chez des personnes déjà dans la profession, qui n’ont pas maintenu un niveau suffisant [en français]. Ils ont peur de perdre leur permis professionnel», analyse M.Walcott. Le rapport de la PERT suggère que les ressources d’apprentissage du français en ligne soient plus visibles, plus accessibles et puissent se faire en continu, tout au long d’une carrière professionnelle.

«Il y a une ouverture [du gouvernement] mais on veut aussi voir des actions. On va continuer à faire des revendications», affirme M.Walcott.

Selon le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), Jean Boulet, le programme Francisation Québec qui sera mis en oeuvre en mars 2023 «va contribuer à bonifier et simplifier l’accès aux ressources en francisation».

«Les ordres professionnels qui désirent voir adapter des cours de français à leur milieu de travail pourront soumettre une demande au ministère», indique-t-il auprès de Métro. L’élaboration de cours de français spécialisés par domaine ainsi que de «formules de francisation avec immersion en emploi» font d’ailleurs partie des grands chantiers en cours du MIFI.

Un manque de données disponibles

Le rapport de la PERT ne comprend pas de données chiffrées sur la part des anglophones et allophones dans les professions réglementées au Québec.

Ce manque «rend ainsi difficile la détermination de l’ampleur du soutien linguistique nécessaire pour les apprenants de langue française au Québec».

La PERT demande alors au gouvernement de récolter et de publier ces données afin de pouvoir mieux identifier le nombre de travailleurs concernés, et pour définir des solutions adaptées pour leur apprentissage de la langue française.

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