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Venus à Montréal s’épanouir, des jeunes LGBTQ2+ se retrouvent à la rue

Photo: Getty Images

Pendant la pandémie, de nombreux et nombreuses jeunes LGBTQ2+ se sont retrouvé.e.s isolé.e.s à leur domicile parental. En proie à l’homophobie et à la transphobie de leurs proches, nombre d’entre eux et elles ont quitté leur milieu, se retrouvant dans la rue. Pour ceux et celles du monde rural, venir à Montréal est alors devenu une solution. Mais la crise du logement les prédispose à la précarité.

«Tout le monde voit un peu Montréal comme la solution pour s’épanouir. Les jeunes quittent le milieu rural pour le milieu urbain, mais quand ces personnes arrivent ici, elles font face à des problèmes de logement», explique Sébastien Houle, chargé de communication à la Fondation Émergence.

Avec la pandémie, ce qu’on a vu, c’est qu’il y avait énormément de jeunes à la maison qui étaient isolés […]. La raison la plus citée chez les jeunes LGBTQ2+ en situation d’itinérance serait le rejet parental, explicite ou présumé.

Sébastien Houle, chargé de communication à la Fondation Émergence

Selon lui, les jeunes se retrouveraient par la suite plus en proie à la toxicomanie. S’ensuivrait un cercle vicieux les plongeant de plus en plus dans la précarité.

«Les jeunes LGBTQ2+ demeurent en situation d’itinérance plus longtemps; ces personnes ont plus de difficulté à s’en sortir que celles en situation d’itinérance cisgenres et hétérosexuelles, puisqu’elles n’utilisent pas les services et les moyens pour s’en sortir. Elles ont peur de la discrimination», dit-il.

Les personnes trans et non binaires resteraient loin des services

Peu de données précises sont disponibles quant à la situation de l’itinérance chez les jeunes LGBTQ2+. Différents facteurs expliquent ceci, selon le chargé de communication de la Fondation Émergence, Sébastien Houle, dont le fait que les questionnaires utilisés par les intervenants de rue ne demanderaient pas l’identité sexuelle et de genre.

Même si l’on n’a pas de données spécifiques […], toutes les données montrent qu’il y a eu une augmentation, dit Sébastien Houle. Ça montre à quel point la pandémie a affecté les jeunes LGBTQ2+ et que ça a ajouté un gros poids sur leurs épaules.

Sébastien Houle

Beaucoup de jeunes LGBTQ2+, notamment trans et non binaires, ne solliciteraient pas non plus les services d’aide. Cette situation serait due à la discrimination qu’ils ou elles peuvent y vivre. Selon lui, un jeune ou une jeune trans sur trois se verrait refuser l’accès aux services d’hébergement à cause de son identité de genre.

Ce constat est partagé par Marie-Noëlle L’Espérance, directrice de l’intervention et des programmes cliniques de l’organisme Dans la rue. À son avis, deux situations contribueraient à la réticence des personnes trans, non binaires et bispirituelles. D’abord, certains endroits n’accueilleraient pas les personnes en transition ou les personnes non binaires. D’autres centres d’hébergement leur demanderaient de «se positionner» sur leur genre.

«La crise du logement n’aide pas et il y a peu de ressources adaptées pour accueillir de manière transversale les populations trans, entre autres. Ça devient donc difficile de trouver une ressource où se rendre pour aller dormir», dit-elle.

À quand un refuge pour LGBTQ2+?

À Montréal, aucun centre d’hébergement pour personnes de la diversité sexuelle et de genre n’existe pour le moment. L’organisme Jeunesse Lambda travaille cependant à l’instauration d’un centre d’hébergement d’urgence pour et par les membres de la communauté.

«Ce serait essentiel d’avoir un refuge LGBQTQ2+ pour permettre à ces jeunes-là d’être compris, de pouvoir s’en sortir et de ne pas avoir cette peur d’être constamment stigmatisés dans les centres d’hébergement traditionnels que l’on connaît», explique Sébastien Houle.

Marie-Noëlle L’Espérance entrevoit deux solutions possibles: à la fois des services adaptés par et pour la communauté, et d’autres services qui adoptent l’intersectionnalité dans leur approche. Le centre d’hébergement Dans la rue offre quant à lui une chambre et des logements non genrés aux personnes dans le besoin.

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