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Des rencontres personnalisées pour tous, vraiment?

La ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale a assuré mardi que chacune des  personnes touchées par la perte des allocations spéciales de l’aide sociale aura droit à une rencontre avec un intervenant des 135 centres locaux d’emploi (CLE). Mais cette promesse est-elle réaliste?

La vice-présidente du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Denise Boileau, en doute. Le SFPQ représente le personnel fonctionnaire et administratif, dont les agents dans les CLE.

«C’est beau de vouloir faire des miracles, mais déjà, les agents dans les bureaux d’employabilité sont surchargés. En 10 ans, le réseau a subi 25 % de coupures.»

Mme Boileau ajoute que, dans certains CLE, il y a déjà trois semaines d’attente pour un assisté social qui veut obtenir une entrevue en employabilité.

«Il ne faut pas oublier que ce n’est pas une nouvelle mesure, ce que la ministre Maltais promet, précise-t-elle. Ce sont donc des gens qui vont s’ajouter à ceux qui sont déjà en démarche d’employabilité.»

La vice-présidente du SFPQ insiste sur le fait que, depuis plusieurs années déjà, on assiste à une déshumanisation des services. Les coupures font en sorte que les chômeurs ont rarement affaire à une personne, mais plutôt à des services en ligne, déplore-t-elle.

«Oui, on veut offrir des services, mais ces services-là doivent avoir une qualité humaine, insiste-t-elle. On travaille avec des personnes qui ont des cheminements difficiles, alors il faut donner à nos agents les moyens de les accompagner correctement.»

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La ministre Agnès Maltais a également promis que les programmes d’employabilité pourront se poursuivre, au besoin, en précisant qu’Emploi Québec «n’abandonnerait personne».

Mais ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre de suivre une formation, a rappelé hier la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, en marge de la conférence de presse du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

Les parents qui n’ont pas les moyens de payer une garderie – puisque les nouvelles places promises en service de garde tardent à arriver – et les proches aidants, notamment, ne pourront pas se libérer pour suivre ce parcours, a-t-elle plaidé.

Mme Conradi a souligné que les femmes seront celles qui se retrouveront le plus souvent dans ces situations.

«Ces mesures vont-elles déboucher sur des emplois décents?» s’est questionné le vice-président de la Centrale syndicale du Québec (CSQ), Pierre Jobin.

Rien n’est moins sûr, affirme Denise Boileau.

«C’est certain qu’avec une formation de qualité, on peut arriver à sortir de façon définitive les personnes de l’aide sociale. Mais si c’est pour un contrat de six mois, et que le cycle doit être constamment refait, ce n’est pas une façon positive de combattre la pauvreté.»

Lire aussi : Une réforme qui ne passe pas

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