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Une soirée à l’Oprah

La visite d’Oprah Winfrey à Montréal a suscité un intérêt particulier la semaine dernière. Pas étonnant – en connaissez-vous beaucoup qui peuvent remplir le Centre Bell avec la seule promesse de jaser? La démonstration a été magistrale, dans tous les sens du terme. Maîtresse des communications, maîtresse d’école capable de capter l’attention de 15 000 étudiantes (le féminin l’emporte aisément ici) et, surtout, maîtresse de sa propre destinée. C’est ainsi que les gens l’aiment et sont fascinés par sa réussite.

Ce qui a été encore plus surprenant que le succès de la soirée comme telle, c’est la lame de fond qui a suivi l’événement. Un post mortem un peu paranoïaque qui laissait sous-entendre que le tout était, dans les faits, une opération machiavélique destinée à frotter le museau des masses avec une débarbouillette trempée dans le chloroforme. Ayoye, les nerfs…

Fallait être là. Moi, j’y étais. J’ai vu ce qu’il y avait à voir et j’ai entendu ce que la dame avait à raconter. Et je n’ai surtout pas eu l’impression de m’être fait manipuler outre mesure par ce supposé suppôt de l’American Dream.

La théorie du grand complot, très peu pour moi…

Oui, il y a quatre ou cinq God qui sont passés pendant la soirée. Oui, on s’est fait dire de ne pas attendre après la validation des autres et de foncer dans la vie en misant davantage sur nos forces que sur nos faiblesses. Oui, il y avait des phrases préfabriquées qui empestaient parfois la psycho-pop de niveau

Walmart. Oui, pis?

Par-dessus tout, ce que j’ai vu l’autre soir — dans le cadre d’un rassemblement exempt de cynisme, de bitcherie et de coups bas –, c’était des gens qui avaient envie de se faire dire que, dans le fond, ils ne sont pas si pire que ça. Qu’ils ont même une certaine valeur et qu’ils ont eux aussi le droit de penser à mieux. Que le monde soit prêt à payer pour vivre ça, ne serait-ce que quelques heures, ça vous donne une idée à quel point ils en sont privés dans leur quotidien.

Vous savez, le monde a juste envie de se sentir aimé et valorisé. Et il est infiniment plus brillant que certains semblent le croire…

•••

Régulièrement, la ville de  Montréal se tape une campagne de promo pour inciter les jeunes familles à revenir habiter sur l’île. C’est en soi une excellente idée. Sauf qu’il faudrait peut-être faire preuve de cohérence dans la démarche.

La scène se passe vendredi dernier. En pleine tempête de neige, devant l’école Saint-
Barthélémy de Villeray, des parents viennent chercher  leurs enfants en voiture pour leur éviter un retour à la maison dans une mer de sloche. Voilà donc que débarque  un «donneux de tickets» à 15 h 30 pile, au moment même où les classes se terminent. Un adon, j’imagine. S’apprêtant à exercer son devoir (!), le monsieur s’est fait apostropher par quelques parents plutôt interloqués par sa présence pour le moins incongrue, vu les circonstances. C’est là que king-ticket se serait mis à donner dans la morale. Dans le genre «allez vous parker ailleurs, la neige, ça a jamais tué personne, marchez donc» ou en promettant une contravention à quiconque ne repartait pas son moteur immédiatement. Paradoxal quand même. Le gars vante les mérites de la marche… et demande de faire rouler inutilement des engins polluants. C’est fou, mais moi, être à la place de son boss, j’irais prendre un café avec lui. Histoire de lui enseigner quelques leçons de vie…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro

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