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Dubé se déresponsabilise avec le projet de loi 15, selon l’opposition

L'assemblée nationale, à Québec
L'Assemblée nationale, à Québec. Photo: François Carabin/Métro

Les porte-paroles des trois partis d’opposition en matière de santé s’entendent pour dire que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, utilise son nouveau projet de loi pour se déresponsabiliser de son imputabilité et de son rôle de ministre. C’est ce qu’ils ont soutenu par rapport à cette nouvelle structure qui, selon eux, absorbera les critiques du système de santé à sa place.

«Sur la création de l’agence Santé Québec, on a beau le regarder de tous les angles possibles, c’est pour Christian Dubé un bouclier anti-imputabilité qui lui permettra de se déresponsabiliser face à des problèmes dans certains établissements de santé. Il pourra utiliser Santé Québec et dire à son PDG : occupe-toi des problèmes. S’il tenait à tout centraliser à un endroit, il aurait pu le faire au sein même du ministère et non par une agence», a affirmé le porte-parole en matière de santé du Parti libéral du Québec André Fortin.

Un projet «orwellien»

Le libéral ajoute que cette réforme est très loin du patient et ne le met pas au centre des préoccupations comme le soutient le ministre Dubé. Il centralise les pouvoirs à Québec plutôt que dans les endroits où les besoins sont ressentis. Son de cloche similaire du côté du porte-parole en matière de santé pour le Parti québécois Joël Arseneau pour qui cette réforme qui rappelle celle de Gaétan Barrette, quelques années plus tôt, est présentée comme un modèle décentralisateur, alors que la centralisation est le moteur même du nouveau système.

Il y a quelque chose d’orwellien dans ce projet de loi : on dit qu’on veut procéder à la décentralisation du système de santé, mais on procède à une concentration du pouvoir et des décisions au sein d’un petit groupe hypercentralisé à Québec. C’est un tremblement de terre, et tout le monde est surpris.

Le porte-parole en matière de santé pour le Parti québécois Joël Arseneau

Pour le porte-parole en matière de santé de Québec solidaire Vincent Marissal, un travail d’analyse approfondi sera nécessaire pour comprendre les détails de cette réforme gargantuesque qui survient à un moment où le système de santé québécois est affaibli en raison de la pandémie.

«La réforme Dubé, c’est la réforme Barrette sur les stéroïdes! Ce que les Québécois veulent avant tout, c’est avoir à des soins rapidement et ne plus attendre des heures à l’urgence ou des mois sur des listes d’attente. Le Québec en a connu, des grandes réformes, et ça ne nous a pas donné plus de soins. On va avoir beaucoup de travail à faire pour améliorer ce projet de loi gigantesque, le gouvernement doit nous donner tout le temps nécessaire pour faire ce travail comme il se doit.»

Médecins et syndicats peu enthousiastes

Il n’y a pas que les partis d’opposition qui critiquent ce projet de loi: la Fédération des médecins spécialistes du Québec, ainsi que l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux ont qualifié le projet de loi 15 de «corrompu» et de «rendez-vous manqué».

«Il est profondément inacceptable de laisser croire que les médecins spécialistes ne sont plus présents dans les hôpitaux après 16h. Partout au Québec, les médecins spécialistes sont mobilisés pour assurer des gardes 24 heures sur 24 afin de prendre soin de leurs patients. Nous n’accepterons pas d’être désignés comme les boucs émissaires des problèmes d’un réseau que nous avons tenu à bout de bras avec les autres professionnels de la santé, notamment pendant la pandémie», a souligné amèrement le président de la Fédération des médecins spécialistes, le Dr Vincent Oliva.

Il déplore également l’attitude de confrontation du ministère et son manque de consultation auprès des médecins spécialistes pour trouver un terrain d’entente.

Cette critique est partagée par l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé. «La démarche ayant mené à ce projet de loi est corrompue par l’absence de consultation des salarié·e·s et autres acteur·rice·s sur le terrain avant son dépôt. Ça fait des décennies que les gouvernements successifs répètent les mêmes erreurs. Centraliser toujours plus et consulter toujours moins, c’est la recette parfaite pour aggraver la situation», souligne le président Robert Comeau.

Le ministre Dubé a voulu rassurer les différents syndicats mercredi et a précisé que tous ces changements seront faits en respect des conventions collectives qui ont été signées et en collaboration avec les syndicats.

Des voix favorables du côté du privé

L’Association des établissements privés conventionnés a pour sa part perception favorable du projet de loi 15 déposé par le ministre Dubé. Elle dit accueillir avec intérêt le projet de loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace.

«Le modèle privé conventionné est comme une horloge dont toutes les pièces sont importantes et ont toutes une place particulière dans l’ensemble de l’œuvre. En éliminer ou en modifier certaines aura un impact significatif sur l’ensemble. Nous allons lire et étudier le projet de loi avec tout l’intérêt qu’il requiert», affirme la directrice générale du regroupement, Annick Lavoie.

L’association dit vouloir participer aux consultations afin de bonifier le projet de loi.

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