Nuageux
Un petit nuage gris plane au dessus de nos têtes et rien ni personne ne
parvient à le dissiper. On dirait que le Québec est en panne sèche de
créativité. La corruption occupe la majeure partie de nos discussions et
aucun projet novateur ne vient nous donner l’air d’aller pour nous
relancer. Le Plan Nord est encore loin et le moratoire séduit davantage
que l’exploration des gaz de schiste.
Le projet de l’échangeur Turcot, bien qu’amélioré, est loin de nous faire rêver. Il a l’ambition de nos moyens. Il est le reflet de compromis et ne révolutionne en rien l’aménagement des infrastructures urbaines. Innover a un prix, et le Québec a trop de chats à fouetter pour investir davantage. Il faut dire que le projet, évalué à 1,5 G$, est maintenant rendu à 3 G$, et qui sait à
quoi ressemblera la facture finale.
En filigrane, il y a les élus, la construction et la mafia. On se sait pas quels sont leurs liens exactement, mais on comprend que l’un parle à l’autre, qui parle à l’autre. De quoi déprimer pas juste un peu. Cette semaine seulement, deux maires se sont retirés temporairement en raison d’allégations sérieuses, et on demande à un autre d’en faire autant. Il est illusoire
de croire que l’adoption d’un code d’éthique suffira à restaurer le lien de confiance.
Il y a tellement d’angles et d’accumulations qu’il devient essentiel de mettre sur pied la commission d’enquête tant réclamée. Le mandat sera certes colossal, mais cela devient urgent d’entreprendre ce grand chantier.
Heureusement, il y a des éclaircies dans la grisaille. Cette semaine, le rayon de soleil a sans contredit été la communauté du Témiscamingue. Plus du quart de la population est descendue dans la rue pour dire qu’elle avait envie d’entreprendre, mais qu’elle avait besoin que l’État fasse preuve de flexibilité et de souplesse.
Souvent, quand le temps est lourd, une bonne pluie permet d’alléger l’air. Si le gouvernement Charest veut se relancer et surtout restaurer un tant soit peu la confiance envers les élus du Québec, il doit avoir le courage de déclencher une commission d’enquête publique.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.