Mylène Paquette est arrivée à bon port
À 11h09 (5h09, heure du Québec) mardi, la rameuse Mylène Paquette franchissait la ligne d’arrivée de l’île d’Ouessant, près des côtes françaises, devenant ainsi la première Nord-Américaine à traverser l’océan Atlantique Nord à la rame en solitaire. Partie d’Halifax le 6 juillet dernier, la Québécoise a parcouru près de 5 000 km à bord de son embarcation, affrontant plusieurs intempéries. Malgré la perte d’équipement, les blessures et la fatigue, c’est avec le sourire aux lèvres qu’elle a discuté avec Métro, à quelques heures de son arrivée sur la terre ferme à Lorient, en France.
Les derniers jours ont été particulièrement éprouvants. Comment vous sentez-vous?
Mon corps est très fatigué. J’ai mal au crâne à cause d’un choc à la tête, j’ai une infection urinaire, une blessure à l’épaule, et une autre au genou, parce que je me frappais le genou droit avec les rames. J’ai de la difficulté à me tenir debout. J’ai une jambe qui est très faible et la jambe gauche qui tremble. Je sens vraiment que j’ai poussé mon corps à son maximum. Il faut dire aussi que je suis dans l’humidité depuis 4 mois. Je dormais donc dans la moisissure et je faisais de l’asthme régulièrement. C’était horrible. Le seul moment où j’étais confortable, c’est quand j’étais assise pour ramer.
Aussi, quand j’étais couchée, je me suis rappelée les enfants que je soignais à l’Hôpital Sainte-Justine. On les installait en mettant le plus de coussins possible sur les points de confort. Quand je m’installais, lors d’une tempête, j’avais l’impression d’être une vieille personne et d’avoir besoin de pleins de coussins partout, parce que sinon je ne passais pas au travers. J’étais frappée au lit, comme en contention, à essayer d’être confortable.
Les dernières tempêtes ont été plus difficiles, parce que je n’avais plus d’électricité. C’était le dernier gros coup que j’ai reçu et c’était vraiment difficile.
Quel bilan tirez-vous de votre périple?
C’est difficile pour moi de faire un bilan parce que je n’ai pas encore le recul pour le faire. Je constate que j’ai fait quelque chose. L’attention médiatique me permet de le réaliser et de l’assumer. Je dirais que c’est comme si je venais d’écouter un grand film. Le film vient de se terminer et je suis bouleversée. C’était un super bon film, mais j’ai l’impression d’avoir rêvé. Il y a beaucoup de moments où j’avais le sentiment que ce n’était pas moi qui agissais, parce que c’était tellement difficile. Ç’a peut-être contribué au fait que je n’ai pas l’impression d’avoir fait ce que j’ai accompli aujourd’hui.
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Malgré les nombreuses difficultés, comment avez-vous fait pour garder votre force mentale chaque jour?
C’est grâce à mon équipe au sol. C’est elle qui me permettait d’avoir espoir en de meilleurs jours. Ses membres avaient des rencontres d’équipe tous les mercredis et discutaient des événements que je vivais. Ces rencontres ont permis à l’équipe de m’aider à réaliser le projet. À chaque fois qu’il y avait de mauvaises expériences, que je vivais des traumatismes, ou de mauvaises conditions météorologiques, l’équipe ne devait pas être négative avec moi.
Vous avez une phobie de l’eau. Avez-vous réussi à la vaincre durant votre périple sur l’océan?
Effectivement, je déteste même avoir les pieds ou les mains dans l’eau. Mais non je ne l’ai pas vaincu, j’ai toujours aussi peur [rires]! Mais j’ai réussi à plonger dans l’eau pour nettoyer la coque sous mon bateau, et j’en suis très fière. La première fois, j’étais en larmes. J’ai rappelé mon routeur météo en lui demandant si on pouvait reporter la manoeuvre. Je suis restée 45 minutes dans mon bateau, incapable de descendre dans l’eau. Mais je l’ai fait, je suis contente.
Pourquoi avez-vous décidé de faire ce périple alors que vous aviez cette phobie?
Au départ je ne voulais pas le faire, justement à cause de cette peur. C’est une de mes patientes à l’hôpital Ste-Justine [alors que je travaillais comme préposée aux bénéficiaires] qui m’a convaincue. Elle m’a dit : «Tu ne sais pas ce que c’est que de confronter tes peurs.» Je rêvais à ce périple depuis des années, mais je ne me lançais pas, parce que j’avais peur. C’est à la suite de cette conversation que j’ai décidé d’aller de l’avant avec ce projet.
Pendant 4 mois, vous avez observé l’océan Atlantique tous les jours. Qu’est-ce qui vous a marqué?
La présence des mammifères marins est incroyable. Ils entrent en contact avec moi tellement rapidement. Que ce soit des dauphins ou des baleines, ils sont tous très curieux. Alors si je peux permettre à l’océan d’être mieux connu du public, je vais le faire. J’ai vu des calmars, j’ai vu des méduses, j’en ai vu de toutes sortes. Donc je vais essayer de le partager au maximum pour que les gens connaissent davantage l’océan Atlantique.
Informations pratique
- La traversée de Mylène Paquette a duré 129 jours.
- Elle mangeait de la nourriture déshydratée, des barres tendres, du chocolat, des noix et beaucoup de fruits séchés.
- Elle se lavait à la main, avec une débarbouillette.
- Elle a été remorquée sur 65 miles nautiques entre sa ligne d’arrivée et le port de Lorient à cause des conditions difficiles en mer près des côtes.
- Un médecin l’a rejoint sur son bateau lors de son remorquage afin de s’assurer rapidement que sa condition de santé était bonne.
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Mylène Paquette était en direct dans l’émission Ça commence bien
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