La politique sur mesure
Une nouvelle tendance se dessine. Après le vêtement sur mesure, voilà que le parti politique sur mesure voit le jour.
Les manifestes se multiplient et les visions sont aussi nombreuses que le nombre de députés indépendants à l’Assemblée nationale. Gauche, droite, fédéralisme, souverainisme, tout cela est passé mode. On cherche de nouvelles étiquettes pour remobiliser les Québécois.
Les démissions au Parti libéral du Québec, la dissidence au Parti québécois, mais aussi celle parmi les députés indépendants issus de l’ADQ, illustrent un certain malaise qui trouve écho dans la société civile. D’un côté, on cherche une formation politique qui nous mobilise et, de l’autre, les véhicules actuels semblent en panne. La colle qui tenait les acteurs ensemble ne paraît plus assez solide.
Pierre Curzi veut assurer une participation citoyenne, Jean-Martin Aussant veut créer un parti souverainiste. Le Nouveau Mouvement pour le Québec veut une piste claire vers la souveraineté à l’opposé du groupe François Legault qui souhaite trouver de nouvelles bases pour unir les Québécois.
Il est normal qu’une formation politique ne nous aille pas toujours comme un gant. On doit adhérer aux valeurs générales, mais il est possible parfois que certains chemins empruntés par notre parti nous donnent du fil à retordre. On peut comme ça appliquer une règle du 80/20. Toutefois, quand notre vision des choses diverge quant aux fondements mêmes de l’existence du parti, mieux vaut se tailler une place ailleurs.
La prolifération des options et l’apparition de ces options taillées sur mesure sont le reflet d’un malaise de société : un manque de projet collectif mobilisateur ou un individualisme profond. Quand la virgule ou le paragraphe ne fait plus l’affaire, on quitte. Pourtant, faire de la politique sous-entend, par définition, qu’on ait envie de partager un idéal collectif, de gérer pour le collectif. C’est l’art du compromis.
Qui n’a pas rêvé un jour de posséder un vêtement sur mesure? Si la tendance se maintient, on pourra bientôt choisir parmi une panoplie d’options : gauche moyen radical, centre droit tirant vers la gauche, décentré, fédéraliste lent, souverainiste pressé, nationaliste moelleux. Souhaitons seulement que les Québécois trouvent ce qui leur sied le mieux. On ne veut pas du prêt-à-penser, mais un minimum de synergie collective.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.