Les chapelles touristiques
Les conclusions du Comité performance de l’industrie touristique mené par Gilbert Rozon ne sont pas complaisantes. Longtemps prisé en raison de la faiblesse du dollar, le Québec comme destination doit maintenant relever le défi de la concurrence avec le vent en poupe. L’offre internationale se multiplie en nombre, en qualité, en diversité et en accessibilité.
Le tout est supérieur à la somme des parties. Cette formule signifie que la synergie entre des groupes génère une plus grande activité que si chacun d’entre eux fonctionnait en vase clos. Compliqué? Pas vraiment. C’est le même principe que deux têtes valent mieux qu’une. Pourtant, le chacun pour soi règne encore en roi en matière de développement. C’est comme si le succès des nos voisins limitait le nôtre. En tourisme, comme dans autre chose, on oublie trop souvent que les concurrents sont à l’extérieur. Que la réussite des uns rayonne sur l’ensemble de l’offre. Montréal s’additionne à Québec et à l’Estrie, les baleines de la Côte-Nord à l’architecture et au design des villes.
Des infrastructures vieillissantes, une gestion morcelée, une multiplication de structures et une baisse des investissements privés, voilà autant d’éléments qui freinent le développement touristique québécois. Cette industrie, qui représente 2,5 % du PIB et 400 000 emplois, pourrait faire mieux, beaucoup mieux.
Un changement de culture s’impose. Les chapelles doivent céder le pas à la collaboration. Au risque de tomber dans les clichés, disons qu’il faut faire grossir la tarte pour partager de plus grosses parts. On doit se coordonner, se concerter, s’additionner. Plus facile à écrire qu’à faire.
Sur le plan touristique, le Québec regorge de richesses. Il faut miser sur ses forces et faire des choix. Toutes les régions en sortiront gagnantes. Le groupe de Gilbert Rozon propose de prendre soin des portes d’entrée que sont Québec et Montréal, mais cible aussi le nord et le fleuve comme des angles majeurs de développement.
Malheureusement, la place du Québec a cessé d’être ce qu’elle a déjà été. Pour saisir notre part de la croissance mondiale, il faut maintenant nous donner des atouts compétitifs. Le pouvoir d’attraction du Québec pourrait être extraordinaire. Il est souvent difficile de voir la forêt lorsqu’on a le nez collé sur l’arbre, mais le rapport déposé par Gilbert Rozon est un appel à la mobilisation qui devrait porter fruit.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.