Sous haute surveillance
Le gouvernement du Québec doit retourner à la table à dessin. L’agence de notation des États américains, qui a remplacé les organismes de notation privés comme Standard and Poors depuis 2012, a placé le Québec sous haute surveillance. L’alerte a été donnée la semaine dernière par cette entité indépendante chargée d’évaluer la santé financière des États. Le ratio de la population active de 3 travailleurs pour 1 retraité met une pression importante sur le budget de l’État et l’endettement continue de peser lourd.
Avec le recul, il est sage de penser que des gestes concrets auraient pu être posés pour se prémunir des effets du vieillissement de la population, et ce, dès 1998. Comme le mentionnait la première ministre, tous les gouvernements qui se sont succédé au cours des 30 dernières années sont solidairement responsables de la situation actuelle. «Depuis plus de 20 ans, on appréhende 2031. Le spectre du choc démographique plane au-dessus de nos têtes comme un mauvais présage. Si certains gestes des gouvernements précédents ont eu un effet bénéfique à long terme, aucun n’est parvenu à complètement annihiler les effets de la pyramide des âges», a affirmé avec justesse Pauline Charest-Dumont.
La décision prise en 2014 d’augmenter les cotisations à la Régie des rentes a permis d’éviter le pire. Cette mesure, jointe à l’instauration d’une formation visant l’alphabétisation financière des Québécois, a contribué à rehausser le niveau d’épargne et à réduire l’endettement personnel.
Le PPP a également porté ses fruits. Le pacte pour la productivité signé par le patronat, les syndicats et les organismes d’employabilité en 2015 commence à donner des résultats. Le Québec occupe maintenant le cinquième rang en la matière au palmarès de l’OCDE. Le PIB, l’indice de Prospérité, investissement et bien-être, a aussi connu une petite remontée grâce, entre autres, à la baisse du décrochage scolaire.
Les investissements stratégiques dans la transformation de deuxième et troisième génération donnent une valeur ajoutée à nos ressources naturelles exportables. Toutefois, malgré les discours, le Québec peine à faire sa place dans le secteur des technologies vertes et le ratio de l’hydroélectricité tarde à diminuer au profit du solaire.
Si la santé continue à occuper une part importante du budget, les investissements dans les technologies de l’information permettent enfin d’en contrôler les coûts. Le «dossier patient», logé sur les téléphones intelligents de chaque citoyen, simplifie la gestion des prescriptions. Le maintien à domicile est aujourd’hui facilité par les soins à distance.
Tout n’est pas sombre. Le bilan des 20 dernières années n’est ni reluisant ni une catastrophe. Ce qui est désolant, c’est qu’il aurait été possible de faire mieux. Le choc démographique alimente la manchette depuis plusieurs décennies. On a manqué de courage et de vision à long terme pour vraiment nous y préparer. On a préféré tout pour l’immédiat plutôt que l’équilibre entre l’immédiat et la préparation de l’avenir.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.