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L’équilibre

Le rapport publié mardi par le Bureau de la sécurité des transports (BST) sur la catastrophe de Lac-Mégantic m’a rappelé une conversation que j’ai eue, il y a quelques années, avec le représentant d’un grand lobby industriel. On discutait de l’opposition que suscitaient certains projets d’exploitation de ressources naturelles. Pendant notre conversation, j’ai soudainement compris une vérité: ce n’est pas à l’entreprise de se soucier du bien public. Ce n’est pas son rôle. C’est le nôtre, par le biais de nos gouvernements.

Selon Revenu Canada, «une entreprise est une activité que l’on exerce avec l’intention de réaliser un profit». C’est ça, le rôle principal d’une entreprise. En cherchant à faire du profit, une entreprise crée des produits désirés par le public, elle innove pour se renouveler et ainsi éliminer ses concurrents. Cette compétition est à la base de notre système économique et a très bien servi le progrès matériel que nous connaissons, à la plus grande satisfaction des consommateurs.

Qu’arrive-t-il lorsque l’activité d’une entreprise comport­e des risques pour la sécurité du public, comme c’est le cas avec le transport de pétrole brut de la MMA? Les gouver­nements imposent des règles afin de protéger les citoyens contre l’éventualité d’une catastrophe. Mais ce faisant, les gouvernements doivent être prudents afin de ne pas étouffer la capacité des entre­prises à mener les activités qui leur permettent d’exister, d’être compétitives. Il y a donc un équilibre à trouver.

Le rapport du BST nous dit que le gouvernement fédéral ne cherche pas cet équilibre. Qu’il est laxiste dans la protection du public. En n’imposant pas les normes nécessaires pour réduire de manière suffisante les chances qu’un accident se produise, Ottawa a laissé aux entreprises le loisir de décider elles-mêmes quels risques prendre. Mais ce n’est pas tout.

Au nom de la non-intervention de l’État dans l’économie, le gouvernement a affaibli sa capacité à appliquer les quelques règles qui existent. Il a réduit le nombre d’inspecteurs, le nombre d’inspections, la compétence des inspecteurs, le nombre d’amendes, de poursuites et de condamnations. N’ayant pas peur d’être prise, la MMA a enfreint les règles.

Cette triste affaire nous rappelle que, lorsqu’ils s’additionnent, les dogmes des conservateurs peuvent former un dangereux cocktail. Leur aversion pour toute forme d’intervention de l’État jumelée à leur obsession de la dérèglementation des entreprises a contribué à créer une situation dangereuse. Une situation qui aurait pu être évitée.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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