Dure semaine pour TransCanada
Que la compagnie TransCanada veuille faire affaire avec une firme comme Edelman et se doter d’un plan de relations publiques, c’est de bonne guerre. Mais que TransCanada prenne un air surpris et tente de nous faire croire que les stratégies agressives proposées par Edelman n’ont pas été retenues, là on pousse un peu loin.
En choisissant une firme comme Edelman, TransCanada savait exactement ce qu’elle achetait. Dans un éditorial du journal Le Soleil intitulé «TransCanada Tobacco», Pierre Asselin nous rappelait cette semaine ce qu’Edelman a fait pour l’industrie du tabac dans les années 1980: créer de la confusion sur les risques pour la santé de la fumée secondaire et discréditer les opposants en les présentant comme une «minorité bruyante». Vous reconnaissez la recette?
Dans les documents rendus publics cette semaine, le plan de communication préparé pour TransCanada propose de créer de faux groupes de citoyens et de supporteurs afin de donner l’impression qu’il y a un mouvement populaire en faveur du projet Énergie Est. Le plan propose également de trouver des stratégies afin de «distraire» les groupes écologistes.
Plusieurs organismes, dont Équiterre et la Fondation Suzuki, sont visés dans les documents. J’ai moi-même l’honneur de figurer sur la liste noire du consultant.
TransCanada ne précise pas comment elle entend procéder pour m’empêcher de travailler sur le projet Énergie Est, mais je vous assure que ça ne fonctionnera pas.
D’ailleurs, il semble que les groupes de citoyens, les vrais, un nombre croissant de municipalités et d’individus, ainsi que les groupes environnementaux ne sont plus les seuls à s’inquiéter des risques liés au projet… Le gouvernement du Québec, qui avait fait part de son préjugé favorable jusqu’à maintenant, a décidé de serrer la vis à TransCanada.
Le ministre de l’Environnement, David Heurtel, a fait parvenir une lettre au langage plutôt musclé à Trans-Canada, affirmant que:
- Québec entend bien exercer ses pleins pouvoirs dans l’évaluation environnementale ainsi qu’à l’égard d’une décision éventuelle sur le projet Énergie Est;
- Les émissions «globales» de gaz à effet de serre (GES) seraient évaluées (donc, pas seulement celles de la portion du pipeline au Québec, mais également les GES en amont du projet);
- Le Québec pose sept questions préalables à l’approbation du projet (l’Ontario a posé les mêmes conditions).
Un virage positif qu’il faut saluer.