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Délais trop courts pour des Haïtiens et des Zimbabwéens menacés d’expulsion

Photo: Getty Images/iStockphoto

S’ils n’ont pas fait une demande pour régulariser leur statut d’ici le 1er juin, 3500 Haïtiens et Zimbabwéens du Canada risquent l’expulsion. Or, les organismes mandatés pour les aider sont débordés et estiment qu’il sera impossible de compléter toutes les demandes à temps.

«Dans le meilleur des cas, on pourra réussir à remplir 1000 demandes. On est loin du compte», a estimé Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti, l’un des cinq organismes québécois chargés par Québec d’aider les personnes concernées, la plupart étant des demandeurs d’asile déboutés.

Le gouvernement fédéral a mis fin, le 1er décembre dernier, aux moratoires sur les renvois en Haïti et au Zimbabwe, qui étaient en vigueur respectivement depuis 2004 et 2002 en raison de la situation instable de ces pays. Un délai de six mois a été accordé aux personnes concernées pour remplir une ultime demande de résidence permanente pour motifs humanitaires.

Depuis, la Maison d’Haïti a envoyé une quinzaine de dossiers et elle est toujours en train d’en traiter une centaine. C’est peu. Pourtant, l’organisme met les bouchées doubles, offrant même ce service le samedi.

Le problème est que ces demandes nécessiteraient chacune plus de 20 heures de travail. «Ils doivent écrire un argumentaire détaillé et soutenu par divers documents pour démontrer que leur vie est ici et qu’ils ne peuvent pas retourner en Haïti, a expliqué Mme Villefranche. Certains organismes ne prennent plus de rendez-vous jusqu’à la fin du mois.»

La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, dont fait partie la Maison d’Haïti, demande donc une extension du délai d’au moins trois mois. «C’est difficile d’accepter que des gens puissent être renvoyés en Haïti pour une question de temps. Ce sont des gens qui vivent ici depuis des années, qui travaillent ici, dont les enfants vont à l’école», s’est inquiété Mme Villefranche.

«C’est la panique dans la communauté, a affirmé Serge Bouchereau, membre du Comité d’action des personnes sans statut, qui organisait hier un spectacle en solidarité avec les personnes visées. Ces gens vivent un stress quotidien, ils ont peur. Ça atteint aussi leurs enfants.»

Ce comité réclame pour sa part que tous les Haïtiens et Zimbabwéens vivant au Canada puissent rester au pays. M. Bouchereau considère qu’il est dangereux pour ces familles de retourner en Haïti, «un pays avec beaucoup d’insécurité, de prisonniers politiques et de pauvreté». De son côté, Citoyenneté et Immigration Canada argue que «la population civile d’Haïti et du Zimbabwe ne fait plus face à un risque généralisé».

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