Les transferts en santé, une priorité du Bloc
MONTRÉAL — Le Bloc québécois fera de la santé son «premier cheval de bataille» pendant les prochaines semaines de la campagne électorale.
Les gouvernements provinciaux doivent composer avec un défi colossal, celui du vieillissement de la population, et les besoins des réseaux de santé sont «plus pressants que jamais», a soutenu le chef bloquiste Gilles Duceppe.
«Il s’agit certainement de l’enjeu le plus important de ces élections fédérales. Le plus urgent, c’est de rétablir les transferts en santé pour donner de l’oxygène au système», a-t-il affirmé en point de presse à Montréal, mardi matin.
«Si rien ne change, dans 30 ans, Ottawa aura entièrement payé sa dette, tandis que le Québec et les provinces seront quasiment en faillite», a plaidé M. Duceppe.
Le chef du Bloc québécois estime que ses adversaires fédéraux représentent une menace pour la pérennité du financement des soins de santé dans les provinces.
Car le spectre du déséquilibre fiscal plane toujours, surtout depuis que le gouvernement conservateur de Stephen Harper a annoncé qu’il limiterait l’augmentation des transferts en santé à compter de 2017, a averti Gilles Duceppe.
«Nous allons exiger du gouvernement fédéral qu’il prenne en compte dans le calcul des transferts les effets du vieillissement de la population. Pour le Québec, ça signifie 7,3 milliards de dollars de plus en santé sur les 10 prochaines années», a-t-il fait valoir.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a demandé aux chefs des partis fédéraux de se pencher sur cet enjeu dans une lettre envoyée il y a plus de trois semaines, les exhortant à bonifier le Transfert canadien en matière de santé (TCS) et à l’ajuster aux réalités démographiques.
M. Duceppe lui-même n’avait pas donné suite à cette missive en date de mardi. Seul le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, l’a fait, s’engageant simplement à travailler en partenariat avec les provinces afin de conclure une entente à long terme sur le financement des soins de santé.
À l’instar de son homologue libéral, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a aussi promis récemment de s’asseoir avec ses homologues provinciaux et territoriaux pour convenir d’un accord, mais son hésitation à réitérer en contexte électoral son engagement d’annuler les compressions a suscité une certaine inquiétude.
Au Nouveau Parti démocratique (NPD), on s’oppose à cette interprétation des choses. «On ne réitère pas chaque chose que l’on dit à chaque jour, ça ne veut pas dire pour autant qu’on revient sur ce que l’on a dit antérieurement», a-t-on argué, précisant que la plateforme du parti serait dévoilée sous peu.
Il a été dit antérieurement par M. Mulcair, soit le 20 août 2014, que «le premier gouvernement néo-démocrate remettra en place la formule de financement de la santé pour les provinces et annulera les coupes conservatrices de 36 milliards de dollars».
Mais pour Gilles Duceppe, il est clair qu’on ne peut faire davantage confiance au chef du NPD à ce chapitre — car en promettant d’équilibrer le budget à tout prix, il a choisi de se ranger dans le camp de l’austérité et de ses chantres, les banquiers de Bay Street, a déploré le chef bloquiste.
Dans un rapport sur la viabilité financière de 2015 publié en juillet dernier, le directeur parlementaire du budget (DPB) a souligné que les dépenses en santé, liées au vieillissement de la population, continuent de faire mal aux administrations des provinces.
Le document précise que «la croissance des dépenses en santé des administrations infranationales dépasse celle de l’économie» et qu’Ottawa pourrait remédier à la situation en augmentant le TCS.
Par exemple, «en combinant une hausse des versements au titre du TCS à une réduction de la croissance excédentaire des coûts en santé, on pourrait faire disparaître ou réduire sensiblement l’écart financier des administrations infranationales», est-il écrit.
Les conservateurs défendent leur bilan en matière de santé: «Les transferts aux provinces en matière de santé sont les plus hauts de notre histoire et ils vont continuer de croître de façon prévisible, soutenue et sans précédent avec le gouvernement Harper», a écrit une porte-parole du parti, Catherine Loubier.
«C’est plutôt dans la demeure de Gilles Duceppe et du Bloc qu’il semble y avoir péril», a-t-elle ajouté.
«Profondément insultant»
En marge de son second point de presse de la journée, dans un Centre de la petite enfance de Saint-Eustache, le chef bloquiste a qualifié de «profondément insultant» le fait que le candidat conservateur de la circonscription de LaSalle—Émard—Verdun, Mohammad Zamir, ne maîtrise pas le français.
«Tous les chefs fédéralistes se gargarisent de respecter le français, et quand vient le temps de présenter des candidats, on présente des gens qui ne parlent pas notre langue», a regretté M. Duceppe.
Le Parti conservateur a cherché à protéger ce candidat qui baragouine le français — assurant qu’il maîtrisait bien la langue alors que ce n’est pas le cas — lorsque La Presse Canadienne a soulevé des questions sur l’aisance linguistique de M. Zamir.
Les conservateurs ont exclu de leurs rangs, lundi, deux candidats de l’Ontario dont les agissements ont plongé la formation dans l’embarras — le premier après que des images le montrant uriner dans une tasse alors qu’il était réparateur d’électroménagers eurent fait surface, et le second pour avoir mis en ligne des vidéos à l’humour douteux.
Le candidat Zamir, pour sa part, a toujours la confiance du Parti conservateur, a confirmé mardi Catherine Loubier.