Des changements législatifs réclamés en santé mentale
La Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM) réclame des changements à la loi P-38, qui permet de forcer une personne à recevoir des soins en santé mentale.
Actuellement, une personne qui juge qu’un de ses proches doit être hospitalisé et subir une évaluation psychiatrique, en dépit de son refus de recevoir ces soins, peut demander une ordonnance de la cour. Pour l’obtenir, la preuve devra être faite que cette personne «présente un danger pour elle-même ou pour autrui».
«Il est inconcevable qu’une personne soit évaluée sur la base du niveau de danger qu’elle représente, ce qui fait référence à la criminalité. C’est plutôt la détérioration de son état de santé qui devrait être prise en compte», estime Hélène Fradet, directrice générale de la FFAPAMM.
Cette action en justice a été entreprise cet automne par Danielle Paquette-Harvey, une mère de famille dans la trentaine, pour obtenir des soins pour sa mère. Mme Paquette-Harvey a pu démontrer que l’appartement insalubre de sa mère, qui a un trouble bipolaire et a eu plusieurs épisodes psychotiques, présentait des risques d’incendie et que son comportement par rapport à ses médicaments et sa nourriture présentait un risque pour sa vie.
Mme Paquette-Harvey partage toutefois l’avis de Mme Fradet. «C’est difficile de prouver qu’une personne représente un danger», a-t-elle jugé.
«Des fois, une personne est dans un état grave et devrait recevoir des soins, même si elle n’est pas dangereuse.» – Danielle Paquette-Harvey, dont la mère souffre d’un trouble bipolaire
Selon Mme Fradet, beaucoup de personnes souffrantes ne reçoivent pas les soins adéquats, les familles attendant que la situation devienne «dangereuse». «Les gens sont laissés à eux-mêmes, certains sombrent dans l’itinérance. Les familles vivent une grande détresse émotionnelle», a-t-elle souligné.
Mme Fradet déplore aussi que tout le fardeau lié à l’obtention de soins repose sur les épaules des proches, la démarche judiciaire entraînant parfois une détérioration des relations familiales. Par exemple, la mère de Mme Paquette-Harvey a décrit son action comme un «coup de poignard dans le dos» et elle a refusé de lui parler pendant un certain temps.
LA FFAPAMM a affirmé avoir rencontré le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, le printemps dernier. Mme Fradet a bon espoir que des travaux seront entrepris sous peu pour changer la loi.