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Le Québec est loin du Danemark en matière de santé

Photo: Pressmaster/Shutterstock.com
Zacharie Goudreault - Métro

Le Québec s’éloigne du modèle scandinave dans la gestion de ses hôpitaux. Tel est le constat du chargé de cours à l’Université de Sherbrooke, Jean-Patrick Brady, qui donnera une conférence samedi dans le cadre du Congrès annuel de l’Association médicale du Québec. Métro a discuté avec lui de la centralisation de notre système de santé.

Vous voyez vraiment le système de santé danois comme un modèle à suivre. Qu’est-ce qui le distingue de son équivalent québécois?
Juste au niveau de la gestion du réseau de santé, au Danemark, c’est beaucoup plus décentralisé qu’au Québec. Les régions et les municipalités danoises ont beaucoup de responsabilités dans la gestion des hôpitaux, alors qu’ici, les régions administratives n’ont aucune compétence dans le domaine.

Il faut aussi souligner que le réseau privé est moins présent au Danemark qu’il l’est ici. Là-bas, on ne fait pas appel au privé pour répondre à la demande. Il y a plutôt une compétition à l’intérieur même du réseau public, entre les hôpitaux.On a des délais prescrits pour soigner les patients. Si on n’arrive pas à les respecter, le patient a la possibilité d’aller se faire soigner ailleurs au Danemark aux frais de l’hôpital qui devait le soigner à la base.

Qu’est-ce qui explique les nombreuses différences entre ces deux systèmes de santé?
Dans les pays scandinaves, le réseau de la santé est très décentralisé. Ce qu’on remarque présentement au Québec, c’est plutôt une tendance à la centralisation. Il faudrait davantage décentraliser, mais est-ce que les régions seraient capables de gérer des hôpitaux? Est-ce que le maire Coderre ou le maire Labeaume seraient enthousiastes à l’idée de gérer des hôpitaux? J’en doute.

Certains diront aussi que les groupes d’intérêt sont plus pragmatiques au Québec qu’au Danemark, où ils sont plus corporatifs. Ici, les fédérations de médecins vont avoir tendance à favoriser leurs membres avant les intérêts de la population.

Il faut dire qu’ici, on a préféré valoriser le privé pour régler le problème. Ça l’a réglé en partie, mais pas fondamentalement.

«Ultimement, je pense que les pays scandinaves ont eu la volonté de régler leurs problèmes [en matière de santé], alors qu’ici la volonté politique n’a jamais été là.» -Jean-Patrick Brady

À quel point les médecins danois ont-ils un rôle plus important à jouer dans leur pays que leurs homologues québécois?
C’est dans la mentalité des médecins danois de gérer des hôpitaux. Avant tout, au Québec, le médecin est là pour soigner. Il n’a pas son mot à dire. Tandis qu’au Danemark, les médecins ont une très grande marge de manœuvre. Ils sont invités à la table de négociation, ce qui n’est pas le cas ici.

La tendance est à la centralisation. On l’a vu avec la loi 10, qui a entraîné l’abolition des agences régionales de santé. Quelles sont les perspectives d’avenir de notre système de santé public?
Plus ça va et plus on s’éloigne du modèle scandinave, qui a pourtant fait ses preuves. Il y a plus de privatisation et moins de transparence. Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est le manque de cohérence entre les acteurs du milieu. Ultimement, ce qui va falloir faire, c’est arrêter de se blâmer les uns les autres et prendre le temps de discuter.

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