Délai dans l’aide à mourir: «Je ne suis pas au-dessus des lois», dit Barrette
Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a défendu lundi la directive de son ministère, envoyée le 13 juillet aux établissements de santé, d’imposer un délai de 10 jours entre la demande d’aide médicale à mourir et le moment de sa réalisation.
M. Barrette estime qu’il n’a pas le choix de faire cette recommandation aux médecins afin de les protéger d’une éventuelle poursuite criminelle, étant donné que la loi fédérale sur l’aide médicale à mourir adoptée le 17 juin dernier exige un tel délai.
«Je me suis opposé à cette règle par le fédéral. Que voulez-vous qu’on fasse de plus? Je ne suis pas au-dessus des lois», a signifié le ministre à Métro, reconnaissant que certains patients pourraient avoir à souffrir plus longtemps.
Il a réfuté l’accusation de la député péquiste Véronique Hivon, qui avait avancé plus tôt dans la journée que cette directive était une façon illégale de modifier la Loi québécoise sur les soins de fin de vie.
«Pour quelqu’un pour qui chaque heure est une agonie qui a l’air de durer comme une semaine, vous en parlerez aux gens; ils vont vous dire que c’est la fin du monde.» -Véronique Hivon, députée du Parti québécois
«La loi québécoise n’a pas changé. Pas une ligne, pas une virgule», a affirmé M. Barrette.
Le porte-parole du Conseil pour la protection des malades, l’avocat Paul Brunet, doute pour sa part que le directeur des poursuites criminelles et pénales déposerait des accusations contre un médecin pour avoir respecté la loi québécoise. «On ne parle pas de l’intérêt des patients, dans cette directive. C’est un titillement pour rassurer les médecins», a estimé M. Brunet.
Le Collège des médecins recommande pour l’instant aux médecins de faire preuve de prudence. «Le débat juridique n’est pas complété et il y a plusieurs questions sans réponse. Un délai fixe de 10 jours n’est pas nécessairement justifiable dans une logique de soins, mais on se doit de respecter les lois», a expliqué sa porte-parole Caroline Langis.
Avec La Presse Canadienne