Des cliniques d’infirmières réclamées partout au Québec
Des regroupements d’infirmières suggèrent de répliquer partout au Québec, notamment à Montréal, le modèle de la clinique de superinfirmières SABSA, avec qui le ministère de la Santé a annoncé un partenariat mardi soir.
La Coopérative de solidarité SABSA est une clinique sans médecin dirigée par une infirmière praticienne spécialisée, offrant divers types de soins à une clientèle vulnérable. Elle avait été menacée de fermeture devant le refus du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, de financer ses services. Ce dernier a finalement accepté d’intégrer la clinique au réseau public en fournissant et gérant des ressources, tout en laissant à l’équipe de SABSA une large autonomie dans la prestation des soins.
«SABSA démontre que des cliniques infirmières peuvent répondre aux besoins de la population du Québec, s’est réjouie Lucie Tremblay, présidente de l’Ordre des infirmières du Québec (OIIQ). On souhaite que naissent de telles cliniques s’inscrivant dans le réseau public pour que tous les Québécois aient accès aux soins au moment opportun.»
Sylvain Brousseau, président du Regroupement pour l’avenir de la profession infirmière au Québec, estime que des besoins existent à Montréal pour de telles cliniques, étant donné la présence de populations très vulnérables qui ne fréquentent pas les établissements de santé traditionnels.
«Les infirmières pourraient travailler en complémentarité avec les cliniques médicales et les organismes communautaires qui sont déjà sur le terrain. On peut œuvrer ensemble tout en n’étant pas dans la même bâtisse», a affirmé M. Brousseau, qui est professeur en sciences infirmières à l’Université du Québec en Outaouais.
Selon les organismes Cactus Montréal et le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), l’accès aux soins est effectivement déficiente pour les populations marginalisées.
Damien Contandriopoulos, professeur en sciences infirmières à l’Université de Montréal, qualifie pour sa part certains secteurs de Montréal, comme Montréal-Nord, de «déserts médicaux» qui pourraient bénéficier de la présence de cliniques de superinfirmières. «De nombreuses infirmières praticiennes sont à la recherche d’un milieu de pratique comme SABSA, qui leur permettrait faire ce pour quoi elles ont été formées. Beaucoup lancent des cliniques privées parce qu’il y a peu d’options dans le public. Le potentiel est donc là si on veut les garder», a jugé M. Contandriopoulos.
Le déploiement d’un réseau de cliniques de superinfirmières est toutefois loin d’être dans les plans du ministre Barrette. «Je suis convaincu de la valeur ajoutée du travail autonome des infirmières, mais ça doit se faire dans le cadre d’une équipe multidisciplinaire comme un CLSC ou un groupe de médecine familiale (GMF), a soutenu M. Barrette. Je ne crois pas qu’on puisse avoir [une clinique comme SABSA] ailleurs.»
De son côté, M. Contandriopoulos croit que les choses pourraient changer malgré l’opposition actuelle du ministre. «M. Barrette ne voulait rien savoir de SABSA, mais avec les pressions, il a finalement fait en sorte qu’elle puisse continuer ses activités, a-t-il soulevé. La population est excédée de la difficulté à avoir des soins. Le statu quo n’est plus possible.»