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Racisme: encore beaucoup de travail à faire d’ici les cinq prochaines années

Benoit Charette
Photo: Josie Desmarais/ Archives Métro

Il y a un peu plus d’un an, le Groupe d’action contre le racisme (GACR) présentait des actions à poser par le gouvernement. Québec se donne cinq ans pour appliquer l’ensemble des recommandations formulées par le comité. On en compte 25, dont 12 concernant les Premières Nations.

C’est ce qu’a précisé le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Benoit Charette, en décembre. Bien qu’il s’est avoué «très fier» de l’avancement des recommandations, l’élu a avoué «avoir encore beaucoup de travail à faire». En voici un aperçu.

Mission accomplie

Des actions concrètes, dont il est difficile d’établir la portée, ont été réalisées par le gouvernement pour sept recommandations. La création du poste de ministre responsable de la Lutte contre le racisme répond en soi à une recommandation émise par le Groupe d’action contre le racisme.

Il a été demandé d’ajouter des intervenants en services sociaux au sein des corps policiers afin de créer des équipes mixtes, sensibilisées aux différentes réalités des minorités visibles. Dans cette optique, Québec a investi 25 M$ dans son budget 2021-2022 pour lancer des projets pilotes. L’un d’eux sera d’ailleurs déployé à Longueuil.

Garantir la présence d’au moins un membre provenant d’une minorité visible au sein de la majorité des conseils d’administration des sociétés d’État était essentiel selon le Groupe d’action contre le racisme. L’objectif a été atteint à l’automne 2021. Plus de la moitié de ces CA possèdent un membre issu d’une minorité visible.

Afin de répondre à une recommandation, les notions de racisme et de discrimination seront abordées dans le nouveau cours, présenté par le gouvernement, sur la Culture et la citoyenneté québécoise. Reste à voir quelle importance sera accordée au sujet au sein de ce cours.

Au cours des dernières semaines, Québec a présenté une campagne multimédia de sensibilisation au racisme. Celle-ci a toutefois reçu un accueil tiède, étant la cible de plusieurs critiques, et même de parodies. Le réalisateur desdites publicités s’en est même dissocié, au point de s’excuser de leur contenu. Reste à voir si la suite de la campagne, qui se poursuivra au cours des trois prochaines années, s’avérera plus convaincante.

Sur la planche à dessin

L’adoption du projet de loi 18, qui prévoit une réforme des pouvoirs accordés aux policiers, devrait venir répondre à deux recommandations. Les interpellations policières aléatoires devraient devenir interdites.

Une formation continue sur la discrimination, le racisme et le profilage devrait également être créée. Elle s’adressera aux corps policiers, aux membres de services correctionnels et constables spéciaux. Une enveloppe de 930 000 $ a été réservée à la création de cette formation.

Des travaux sont aussi en cours pour inclure le thème du racisme dans la formation des enseignants. En ce qui concerne les employés de la fonction publique, une formation devrait être offerte dès le printemps 2022. Elle aura pour but de sensibiliser les employés au racisme qui les entoure.

En matière d’habitation, le GACR souhaite que la discrimination effectuée envers les minorités visibles cesse. Pour y parvenir, Québec veut que la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) traite les plaintes relatives au logement plus rapidement. Elle recevra près de 21 M$ au cours des cinq prochaines années pour embaucher plus de personnel pour permettre au processus de s’accélérer. Des actions sont aussi attendues pour mieux informer les locataires en matière de discrimination en habitation ainsi que par rapport aux enjeux liés à la discrimination.

Les métiers de la construction doivent être valorisés au sein des minorités visibles. La Commission de la construction du Québec (CCQ) doit donc agir en ce sens, notamment en créant un bassin de candidats pour le recrutement. La CCQ a préparé un plan d’action incluant des vidéos de sensibilisation ainsi que des tables de concertation. Ces actions sont toutefois encore à déployer.

Des ententes commerciales à l’international en matière de reconnaissance professionnelle doivent être conclues, considère le GACR. L’objectif serait de rendre l’évaluation des compétences par les ordres professionnels plus rapide et flexible pour les immigrants. En réaction, le gouvernement a investi 130 M$ sur les deux prochaines années dans la reconnaissance des compétences.

Dans la fonction publique, la part d’employés issus des communautés culturelles doit être représentative de celle que l’on retrouve dans la société. La barre des 18% a donc été fixée par le gouvernement pour mars 2023. Il faudra donc orchestrer une hausse de 4% en un peu plus d’un an.

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