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Débat autour du Défi 28 jours sans alcool

Une femme refuse un verre dans un bar. Photo: Courtoisie

En ce début du Défi 28 jours sans alcool de la Fondation Jean Lapointe, certains experts remettent en question la nécessité de s’imposer un tel exercice qui exige de grands efforts pour certaines personnes souffrant de dépendance, mais qui peut aussi être bénéfique pour d’autres.

C’est le cas de Jonathan Proulx qui participait au Défi l’an dernier pour la première fois. L’éducateur spécialisé de 34 ans avait l’habitude de boire plus d’un verre lors de sorties entre amis ou collègues. Depuis, il a considérablement réduit sa consommation.

«Le plus gros impact pour moi a été de retrouver un meilleur sommeil et d’être en meilleure forme chaque matin», dit-il.

Hubert Sacy, directeur-général d’Educ’alcool. Photo: Gracieuseté.

Des études réalisées sur les conséquences d’une abstinence d’alcool durant un mois montrent que certains perdent du poids, ont une meilleure pression artérielle, un plus bas taux de sucre dans le sang et une meilleure résistance à l’insuline.

Au Québec, 85% des personnes de 15 ans et plus consomment de l’alcool. La grande majorité d’entre eux boivent raisonnablement selon Hubert Sacy, directeur-général d’Éduc’alcool. Leur consommation à faible risque va jusqu’à la prise de deux verres d’alcool par jour pour les femmes ou trois verres quotidiennement pour les hommes.

«La plupart des gens n’ont pas vraiment besoin de cesser de boire, car de toute façon, ils ont un modèle de consommation qui n’entraîne aucunement un problème ou une dépendance, estime M. Sacy. Le fait de cesser de boire durant un certain temps, ce n’est pas obligatoire que ce soit en février.»

Excès

«La meilleure façon de consommer de l’alcool, ce n’est pas de boire comme un trou durant 11 mois et d’arrêter un mois, précise Hubert Sacy. Il suffit de consommer de petites quantités plus régulièrement que de boire. Plusieurs se sentent obligés d’arrêter parce qu’ils ont magané leur organisme. Et là, ils ne savent plus s’ils sont dans un état de dépendance ou non.»

L’alcool peut causer des problèmes de foie, mais aussi la dépression, l’agressivité ou des idées suicidaires. «Cela touche des jeunes adultes, mais aussi une population de tout âge et de tous les groupes sociaux», soutient Dre Laurie Robichaud.

L’urgentologue à l’Hôpital général juif traite régulièrement des patients intoxiqués par l’alcool. «Leurs familles n’arrivent plus à les réveiller, ils sont incapables de marcher et vomissent sans cesse. Leur état est parfois si critique qu’ils ne respirent plus», explique-t-elle.

Par contre, près de 20% de la population consomme de façon excessive selon les données du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances. «Cela signifie que, lors d’une occasion spéciale, au moins une fois par mois, une femme va boire plus de quatre verres d’alcool et un homme en consommera au moins cinq», ajoute l’analyste principale, Catherine Paradis.

Quant à 3,8% de la population qui souffre d’une dépendance, soit un besoin de boire toujours plus afin d’obtenir le même effet, l’experte estime qu’une abstinence soudaine est contre-indiquée. «Quand on souffre de cette maladie, on ne règle pas ça seul chez soi, de la même façon qu’on ne guérit pas d’un cancer à la maison. Si un buveur excessif cesse de consommer, il risque de développer des symptômes de sevrage, comme des tremblements, des nausées et de l’insomnie», affirme-t-elle.

Prise de conscience

Sylvie Rouillier, directrice-générale de la Fondation Jean Lapointe. Crédit: Gracieuseté.

Mme Paradis ressent un léger agacement face à ce défi particulièrement populaire au Québec et en Angleterre. «Ça donne l’impression que la manière dont on boit dépend de nous et de notre volonté, mentionne-t-elle. Quand les gens ne réussissent pas, ils se disent: ‘je suis dépendant et je dois avoir un trouble lié à l’alcool’.»

C’est plutôt une prise de conscience «de l’importance qu’a la boisson dans nos vies» qui sert aussi de collecte de fonds, rétorque la directrice générale de la Fondation Jean Lapointe, Sylvie Rouillier.

Depuis deux ans, les participants peuvent s’inscrire à un défi allégé, en supprimant l’alcool soit du vendredi au dimanche ou durant la semaine, du lundi au jeudi.

«Le but, c’est de sensibiliser la population, on ne veut pas que les gens éprouvent un sentiment d’échec», affirme Sylvie Rouillier, directrice générale de la Fondation Jean Lapointe.

28$

L’an dernier, 12 500 personnes ont déboursé 28$ afin de participer au Défi 28 jours sans alcool au Québec. Cette levée de fonds a rapporté 503 000$ à la Fondation Jean Lapointe qui tient des ateliers de prévention sur l’alcool dans les écoles secondaires, rejoignant quelque 80 000 étudiants. Lors de la première édition, en 2014, le Défi ne comptait que 1315 participants.  www.defi28jours.com/

 

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