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C’est quoi ça, le bitcoin? Ou la métaphore du beigne

Photo: Getty Images

«C’est quoi ça, le bitcoin», me questionne candidement ma tante. Je m’étrangle d’un coup avec le café qu’elle vient de me servir et la fixe en écarquillant les yeux.

«Tu plaisantes, rassure-moi», lui dis-je avec un sourire nerveux me la balafrant le visage.

Mais non, elle ne plaisantait pas. En février 2019, dix ans après l’apparition de cette prouesse informatique, quoiqu’on en pense, tout le monde ne connaît pas le bitcoin. Sa curiosité piquée au vif, ma tante me demande tout de même de lui expliquer. Simplement. Voilà ce que j’ai tenté: imaginons-nous assis, à deux, sur un banc du parc du Mont-Royal.

J’ai pris avec moi un seul beigne et je te le donne. Tu as désormais entre les mains un beigne et moi, plus aucun. Logique.

Tu sais ce qui s’est passé. Tu étais là, tout comme moi. Pas besoin d’avoir un témoin pour valider l’échange.

Je ne peux plus t’offrir un autre beigne, car je n’en ai plus. De ton côté, tu peux le donner à quelqu’un d’autre, qui pourra en faire autant, et ainsi de suite.

Quel lien avec un bitcoin? Tu vas bientôt comprendre.

Imaginons maintenant que ce beigne est numérique. Il s’agit par exemple de la photo d’un beigne sur un ordinateur. Je te le transfère par courriel. Comment vas-tu être sûre que je n’en ai pas transféré une copie à quelqu’un d’autre?

Admettons alors que tout ordinateur contienne le même inventaire public où sont enregistrés tous nos transferts de courriels. Chacune des transactions représente une ligne de l’inventaire, et les lignes se suivent chronologiquement.

Les règles d’écriture dans cet inventaire ont été fixées préalablement et personne ne peut truquer les transactions, l’ordre des pages, les montants de beignes envoyés, etc.

En plus, si tu participes au contrôle de cet inventaire et tu vérifies l’échange des beignes digitaux entre utilisateurs, tu es récompensé en recevant de nouveaux beignes. Par convention, le nombre total de ces beignes électroniques a été limité à 21 millions.

Cet inventaire, c’est en fait le réseau Bitcoin, et les beignes numériques en sont les unités de nombre, les bitcoins.

Dans ce protocole informatique, les beignes numériques se comportent comme les beignes réels: si je t’en donne un, il sera en ta totale possession. Nous n’avons même plus besoin d’être assis sur un banc du Mont-Royal. Je peux te le transférer depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Et comme c’est numérique, je pourrais même ajouter un glaçage à ce beigne ou une garniture (une note ou un document important, à l’instar d’une pièce d’identité ou un acte de propriété immobilière)…

Je reprends mon souffle. Le pitch a duré une minute montre en main. C’est au tour de ma tante de me dévisager d’un regard interrogateur. «Il va falloir que je m’y intéresse de plus près ! Je te ressers du café?»

Cet échange anodin en famille reflète une réalité interpellante: on ne mesure toujours pas l’importance du bitcoin, ni dans le grand public ni dans les médias de masse.

Le bitcoin, c’est un code informatique en accès libre, et donc copiable et modifiable par quiconque, qui permet de prouver l’authenticité d’un actif numérique et ainsi de transférer électroniquement de la valeur sans tiers de confiance, sans risque de censure.

Le bitcoin, c’est la confiance et la transparence traduites en équations mathématiques.

Le bitcoin, c’est la première intégration réussie de la monnaie à son propre système de paiement. D’avis d’experts, c’est ainsi la séparation des pouvoirs de l’État sur la monnaie, rendue programmable informatiquement. Le bitcoin ouvrirait une nouvelle ère industrielle, garante d’autonomie pour les individus et d’assainissement des institutions.

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