A Cure for Wellness: Cure de frissons
Dane DeHaan plonge pour la première fois dans le cinéma d’horreur avec A Cure for Wellness, le dernier long métrage du réalisateur Gore Verbinski, dont l’action se déroule dans un mystérieux centre de bien-être suisse. Métro a discuté avec l’acteur et le réalisateur américains.
Avez-vous fait des cauchemars lors du tournage?
Dane DeHaan: J’en fais beaucoup! J’ai dû surmonter beaucoup de choses difficiles dans ce film. C’était très exigeant physiquement et mentalement. Je n’ai pas bien dormi et j’étais effrayé.
Pourquoi avoir accepté ce rôle?
Gore [Verbinski] m’a dit qu’il voulait faire un film inspiré des suspenses des années 1970. C’est à cette époque qu’ont été tournés mes films d’horreur préférés. Je percevais cette influence, mais j’ai aussi réalisé qu’il y avait quelque chose de nouveau qui ne ressemblait pas à mes rôles précédents.
Comment décririez-vous ce film?
C’est un thriller psychologique très complexe, imprévisible et original. C’est un film unique à plusieurs égards, excitant et terrifiant.
Votre personnage, Lockhart, est particulier…
J’ai aimé le fait qu’il ne soit pas un personnage aimable. C’était un défi pour moi, ça rendait mon travail intéressant. J’ai voulu créer un personnage avec qui vous accepteriez de prendre une bière, mais que vous ne détesteriez pas voir recevoir un coup de poing en pleine face. [Rires]
«Je suis dans presque toutes les scènes du film. Je suis celui qui guide les spectateurs au fil de l’intrigue et qui doit garder l’histoire excitante. C’était très stimulant pour moi.» – Dane DeHaan, acteur, qui apparaît dans 90 % des scènes du film.
Pour ce rôle, vous avez dû passer des heures immergé dans un réservoir…
On aurait dit des semaines!
Étiez-vous claustrophobe?
Oui, mais je crois que c’est normal. Cette partie du film a été tournée au cours de deux semaines très intenses. Je portais un harnais pour rester à l’horizontale sous l’eau, je devais respirer au moyen d’un tube, rien ne protégeait mes yeux ou mon nez et je pouvais communiquer par gestes seulement. Ç’a été assurément le moment le plus exigeant du tournage.
Que pensez-vous des spas, après avoir tourné un film d’horreur dans ce genre d’endroit?
Je suis allé au spa après le tournage, mais l’établissement n’était pas du même genre. [Rires] Alors que je me faisais masser, une musique supposément relaxante jouait… mais je l’écoutais avec appréhension en raison du film. J’espère que la même chose va arriver à ceux qui iront le voir.
Comment demeurer polyvalent à Hollywood?
Je tente de travailler sur des films différents, et je ne veux pas me cantonner à un genre en particulier. J’ai été chanceux de tourner des films très différents en peu de temps. J’ai été dans Lawless (2012), un drame qui se déroule à l’époque de la prohibition aux États-Unis, Chronicle (2012), un film de science-fiction dans lequel des adolescents acquièrent des superpouvoirs, Kill Your Darlings (2013), sur les grands poètes de la Beat Generation, et The Place Beyond the Pines (2012), qui porte sur un cascadeur impliqué dans un vol à main armée. Je n’ai donc pas été confiné dans un genre particulier, j’ai pu faire la preuve de ma versatilité.
S’inspirer de ses propres cauchemars
Comme tout le monde, l’Américain de 52 ans Gore Verbinski fait des cauchemars. Mais contrairement à nous, son travail créatif lui permet de transférer ses anxiétés et ses craintes aux spectateurs. Le gagnant d’un Oscar et le réalisateur des trois premiers volets de Pirates des Caraïbes a rencontré Métro pour discuter de son plus récent film d’horreur.
Quinze ans après The Ring (2002), pourquoi avez-vous décidé de revenir au cinéma d’horreur?
C’est un genre qui permet d’expérimenter avec le public. Dans ce film, on voit comment Lockhart [joué par Dane DeHaan] devient un patient contre son gré. En fait, le spectateur est lui-même un patient. On vous place dans une salle plongée dans le noir, on utilise le son et l’image pour vous faire peur et créer des images qui vont rester dans votre tête. Il y a quelque chose de pervers dans l’horreur.
Est-ce que ce film est un hommage à Stanley Kubrick?
Non seulement à Kubrick, mais aussi à Polanski, à Joseph Losey et à des films comme Don’t Look Now [sorti en 1973], un suspense d’horreur réalisé par Nicolas Roeg. Les films ont la capacité de vous faire croire que quelque chose d’inévitable va arriver. Kubrick était le maître dans ce domaine. Dans ce film, cette chose inévitable peut être une infection, un cancer, une tache sur vos rayons X… Le personnage de Dane nie sa maladie, mais l’histoire le rattrape. C’est un style qui m’inspire.
Pourquoi avoir choisi Dane DeHaan pour le rôle principal du film?
Je suis sa carrière depuis longtemps et je considère qu’il est un acteur singulier, intéressant et persuasif. Lorsqu’il est à l’écran, on ne peut pas regarder ailleurs. Nous avons créé un personnage qui n’est pas aimable de prime abord, qui a des problèmes et qui est prêt à faire n’importe quoi pour être au sommet du monde de la finance. Il y avait des risques que l’auditoire se désintéresse de son histoire. Mais Dane donne vie à son personnage et on veut savoir ce qui va lui arriver, on finit par éprouver de l’empathie pour lui.
Un spa thérapeutique dans les Alpes représente un paradis pour beaucoup de gens. Pourquoi avoir choisi un tel lieu pour camper un thriller?
Justement parce que c’est un endroit idyllique. Dans ce film, Manhattan est un endroit sombre. Les Alpes symbolisent la pureté et l’éloignement du monde moderne. C’est le sentiment qu’on ressent lorsqu’on arrive au centre, on peut prendre une grande respiration et se détendre. Mais la noirceur nous rattrape. La peur semble plus puissante lorsqu’on est entouré de belles choses. C’est cette irrationalité qui est à la base des cauchemars.
Le film joue beaucoup sur la réalité. Avez-vous utilisé vos propres cauchemars comme source d’inspiration?
Oui, parfois je me réveille la nuit et je prends des notes. En partageant ses cauchemars, on crée des idées plus originales. Les choses qui nous font tous peur ont déjà été racontées 100 fois au cinéma.
Comme dans The Ring, l’eau joue un rôle important dans ce film. Est-ce voulu ou est-ce un hasard?
C’était aussi présent dans Rango [film pour lequel il a remporté l’Oscar du Meilleur long métrage d’animation en 2012]. La vie vient de l’eau, nous sommes nés dans l’eau. C’est un élément puissant. Dans ce film, l’eau symbolise la mort, mais aussi la renaissance, la purification… Ce sont des images évocatrices. Je fais souvent un cauchemar dans lequel je suis sous l’eau et où je n’arrive pas à respirer. J’ai tenté de le transmettre aux spectateurs.
https://www.youtube.com/watch?v=Ug-08W5Tkag
Présentement en salle
