Junior Majeur: Le côté sombre de la puck
Un populaire dicton sportif veut qu’on sépare les hommes des enfants lors des matchs importants. Eh bien, c’est un peu ce que vivent les protagonistes du film Junior Majeur.
Cinq ans après Pee-Wee 3D : L’hiver qui a changé ma vie, un beau succès jeunesse de 2012, on retrouve les personnages de Janeau Trudel (Antoine Oliver Pilon), de Joey Boulet (Rémi Goulet) et de Julie Morneau (Alice Morel-Michaud).
Les préoccupations des trois héros ont toutefois bien changé. Les deux jeunes hommes tentent de devenir des adultes tout en jouant pour les Saguenéens de Chicoutimi, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. La troisième fait ses premiers pas dans le monde du journalisme sportif en suivant ses amis du haut de la galerie de presse.
Une histoire d’alcool au volant viendra cependant déchirer le trio. Victime de ses frasques hors glace, Joey sera envoyé chez l’ennemi (lire les Huskies de Rouyn-Noranda) dans le cadre d’un échange, tandis que Janeau, le jeune prodige, devra apprendre à se débrouiller seul chez les Sags.
Alcoolisme, abus et traîtrise – on est plus proche de Lance et compte que de D2: The Mighty Ducks. Le drame est au menu, assaisonné de quelques scènes de hockey bien senties.
«C’est une histoire de trahison et de culpabilité, résume le réalisateur Éric Tessier, qui était aussi à la barre de Pee-Wee 3D. Mais il n’y a pas de bons ou de méchants. On voit se manifester durant le film ce quelque chose de pourri qu’il y a entre les personnages. On y assiste impuissant.»
Moins de scènes de hockey
De l’avis de ses créateurs, Junior Majeur est davantage un film sur l’amitié et la fin de l’adolescence qu’un simple drame sportif.
«Il y a moitié moins de scène de hockey que dans le premier film. L’issue de la confrontation sur la patinoire est secondaire, estime Rémi Goulet, l’interprète de Joey. L’important, c’est beaucoup plus le cheminement des personnages, les choix qu’ils ont faits et leurs relations.»
«Le sport devient la métaphore de quelque chose d’intérieur. Ce n’est pas du hockey pour du hockey, mais plutôt comme une expression d’un état d’esprit et comme l’expression du conflit entre les deux hommes», ajoute Éric Tessier, à qui on doit aussi 5150, rue des Ormes et Sur le seuil.
Une part importante du film est également consacrée à la relation complexe entre Joey et son père, Luke (Claude Legault), qui scrute à la loupe les performances de son fils et lui met énormément de pression sur les épaules. Le duo père-fils est aussi aux prises avec un problème d’alcool.
«Ayant commencé super jeune dans le métier, j’en ai vu, des parents d’acteurs qui vivaient leur rêve à travers leurs enfants. Il n’y a pas un de ces enfants qui travaillent encore dans le domaine», a noté Rémi Goulet.
«On peut faire beaucoup de parallèles entre la vie des jeunes hockeyeurs qui se retrouvent sous les projecteurs et notre vie de jeunes comédiens. À un certain moment dans nos vies, il faut faire des choix, définir nos valeurs et choisir ce que nous sommes prêts à faire pour avoir ce que nous voulons.»
Si les trois interprètes travaillaient sous la direction d’un coach dans Pee-Wee 3D, ils ont volé de leurs propres ailes dans ce deuxième épisode.
«Entre 13 et 18 ans, il y a un monde de différence. Pour eux, c’était une étape à franchir. Mais je n’étais pas inquiet, ce sont des surdoués», a déclaré Éric Tessier à propos de ses jeunes acteurs.
Les comédiens ont aussi pu profiter des conseils d’une distribution chevronnée, qui comprend également Normand Daneau, Patrice Robitaille et Madeleine Péloquin.
Ils devaient toutefois se débrouiller seuls sur la glace, même si les scènes à haute vitesse étaient doublées par des membres des Patriotes du cégep de Saint-Laurent.
«C’est une expérience en soi, a reconnu Rémi Goulet, qui a dû suivre un camp d’entraînement de plusieurs semaines. C’est très difficile, ce sont des journées de 12 heures de tournage, les patins au pied, dans le froid de l’aréna. Mais plus c’est dur, plus le sentiment d’accomplissement est grand lorsqu’on voit les belles images que ça donne à l’écran.»
https://www.youtube.com/watch?v=esHOqt-WCPQ
En salle dès vendredi